S. Bruno, prêtre
Première lecture – « Toi, tu as pitié de ce ricin. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville ? » (Jon 4, 1-11) – Lecture du livre du prophète Jonas
Quand il vit que Dieu pardonnait aux habitants de Ninive, Jonas trouva la chose très mauvaise et se mit en colère. Il fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Eh bien, Seigneur, prends ma vie ;
mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Le Seigneur lui dit : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? » Jonas sortit de Ninive et s’assit à l’est de la ville. Là, il fit une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui allait arriver dans la ville. Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas
pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin. Mais le lendemain, à l’aube, Dieu donna l’ordre à un ver de piquer le ricin, et celui-ci se dessécha. Au lever du soleil,
Dieu donna l’ordre au vent d’est de brûler ; Jonas fut frappé d’insolation. Se sentant défaillir, il demanda la mort et ajouta : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. » Le Seigneur répliqua : « Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? » – Parole du Seigneur.
Psaume 85 (86), 3-4, 5-6, 9-10
R/ Toi, Seigneur,
Dieu de tendresse et de pitié ! (Ps 85, 15)
Prends pitié de moi, Seigneur,
toi que j’appelle chaque jour.
Seigneur, réjouis ton serviteur :
vers toi, j’élève mon âme !
Toi qui es bon et qui pardonnes,
plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent,
écoute ma prière, Seigneur,
entends ma voix qui te supplie.
Toutes les nations, que tu as faites,
viendront se prosterner devant toi
et rendre gloire à ton nom, Seigneur,
car tu es grand et tu fais des merveilles,
toi, Dieu, le seul.
Évangile – « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1-4) – Alléluia. Alléluia. Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; c’est en lui que nous crions « Abba », Père. Alléluia. (Rm 8, 15bc) – Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : “Père,
que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation.” » – Acclamons la Parole de Dieu.
Cette prière nous donne d’être dans la bonne posture, pleinement présent à notre situation :
- en considérant notre finalité, l’attente fondamentale de l’humanité, que le Règne de Dieu s’établisse en notre monde, qu’il vienne, que le Nom du Père soit reconnu, glorifié, reconnu comme nous rendant saint par son invocation…
- en ayant toujours plus conscience de nos vrais besoins, et notamment tous ceux qui sont nécessaires à notre corps, et par extension de tous nos besoins propres pris dans cet axe qui nous donne d’aller vers la vie de tous sans cesse croissante, le pain de ce jour, ce pain quotidien qui a le goût du partage…
- en ayant aussi le principe de régulation de nos actions, le pardon, qui conduit et réoriente sans cesse notre manière d’agir pour la vie de tous, la nôtre et celle de nos frères et sœurs, ce principe dont tu useras aussi envers nous, ce principe qui ne cesse de rouvrir la situation à sa finalité, à ce qui se cherche en toute situation, le Règne de Dieu…
- en étant aussi pleinement conscient de notre fragilité pour demeurer dans l’axe de la vie en toute situation, aspiré que nous sommes par nos idées, nos énergies, nos désirs, nos relations et aussi de combien la situation, elle-même, peut présenter des risques de déviation pour notre orientation.
Alors, nous te demandons de sans cesse revenir à Toi en la situation même et de pouvoir la vivre pleinement à partir de la relation avec Toi, à la suite de ton Fils. Lui, fait homme, l’a vécue pleinement ainsi, relié à Toi et à nous, traçant ce merveilleux chemin sur lequel nous pouvons nous aussi marcher en nous entraidant tous et chacun…
Cet axe de la vie sur lequel tu nous veux cheminant, prend aussi toutes les couleurs de nos situations, donne-nous de vivre le combat de la foi en la situation, pour que ton Règne se manifeste, que nos frères soient aidés, que chacun devienne celui qu’il est appelé à être… Ô notre Père que nous aimons !
Donne-moi une foi parfaite et un cœur pur
Pour l’amour de toi et de ton saint nom,
Seigneur, augmente toujours en moi la foi.
Donne-moi une foi droite, sainte, pure,
une foi apostolique, une foi catholique,
une foi orthodoxe,
une foi toujours victorieuse, une foi très fervente,
une foi très prudente.
Une foi qui opère en moi tout ce que tu juges bon,
par la charité et par l’humilité,
une foi qui ne puisse être vaincue dans les discussions,
lorsqu’il faut en témoigner.
Je t’en supplie au nom de ton Fils béni,
en qui tu nous as bénis
d’une bénédiction toute spirituelle.
Fais que toujours, par ta grâce,
ma foi soit inébranlable et mon action efficace…
Donne-moi un cœur contrit, un cœur pur,
un cœur sincère, donné, chaste et sobre,
un cœur doux, un cœur humble,
un cœur plein de sérénité,
un cœur dont tu sois tout le désir,
un cœur qui veille à tout et garde la mesure en tout,
un cœur simple et qui ne pense pas de mal de ses frères,
un cœur compatissant aux souffrances d’autrui,
un cœur qui se réjouisse des vertus des autres
afin que je sache pleurer avec ceux qui pleurent
et me réjouir avec ceux qui sont dans la joie. Amen.
Jean de Fécamp