Homélie 5ème dimanche de Pâques Année B – Abbé Fernand Stréber

Comment devenir disciples de Jésus ?
Première lecture – « Barnabé leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur » (Ac 9, 26-31)

En ces jours-là,  arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple. Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Mis au courant, les frères l’accompagnèrent jusqu’à Césarée et le firent partir pour Tarse. L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ;
elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait.

Deuxième lecture « Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres » (1 Jn 3, 18-24)

Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit.

Évangile – « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

HOMÉLIE

Comment devenir disciples de Jésus ?  C’est à cette question qu’ont commencé à répondre les deux premiers apôtres de Jésus, au tout début de sa vie publique lorsque Jean-Baptiste désigne Jésus en disant : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jean 1, 36).

La question posée à Jésus par les deux apôtres avait alors été : « Où demeures-tu ? » et sa réponse : « Venez et vous verrez ».  Ils ont suivi Jésus, ils ont vu où il demeurait, et ils ont cru en lui.  Il leur faut désormais aller plus loin.

C’est pourquoi, dans l’extrait de l’Evangile de Jean qui nous est proposé aujourd’hui, Jésus achève d’expliquer à ses apôtres ce que signifie être son disciple.  Nous sommes à la fin du dernier repas de Jésus avec ses apôtres juste avant d’être arrêté au jardin des oliviers.  Jésus fait ses adieux aux apôtres et leur donne ses dernières recommandations.  Il leur apprend comment vivre désormais en son absence, comme apôtres.  Ce texte a le poids et la valeur d’un testament.

En bon pédagogue Jésus utilise la métaphore de la vigne.  Cet arbrisseau et le soin qui doit lui être apporté chaque année pour qu’il porte un fruit savoureux est bien connu de ses auditeurs.  Ici, l’image de la vigne a pour but de faire entrer les apôtres dans le type de relation qu’ils sont invités à entretenir avec Jésus malgré son absence physique: Ce sera une relation de très grande proximité.  Je cite l’évangile :« De même que le sarment ne peut porter du fruit par lui-même s’il ne demeure sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez en moi ».  La fécondité des apôtres dépend totalement de leur proximité avec le Christ.  « Demeurez en moi, comme moi en vous. » dit-il.

« Où demeures-tu ? », avaient demandé les deux apôtres au début de la vie publique de Jésus.  Puisqu’ils ont suivi Jésus depuis le commencement, il leur faut maintenant faire un pas de plus.  Je cite l’Evangile : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits.»

Demeurer en Christ doit se concrétiser dans le fait de “porter du fruit”.  Ce terme est cité à 5 reprises dans l’évangile.  Le don accordé par Jésus est suivi d’une invitation à prendre de nouvelles initiatives.  Mais inversement pas de nouvelles résolutions qui ne trouve sa source dans le don du Christ.  La relation entre Jésus et le disciple est décrite à la fois comme don et comme une mise en responsabilité.

Ce que les apôtres découvrent nous concerne aussi.

Comme chrétiens, la première attitude concerne notre relation avec le Christ.  Elle est constituée d’un lien profond et vital.  C’est uniquement dans une intimité unique avec le Christ que nous pourrons véritablement porter du fruit.  Et cette intimité ne peut se vivre que par la lecture assidue de sa Parole dans la Bible, seul et avec d’autres ainsi que par l’accès aux sacrements.

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples » dit l’évangile.  Le fruit le plus précieux que nous portons n’est finalement que celui que nous acceptons de recevoir dans la prière : l’amour.

On ne peut répondre à l’amour que par l’amour, nous dit la 2° lecture écrite aussi par St Jean.  Un amour qui nous tourne vers Dieu et vers les autres.  Pas de façon abstraite mais « par des actes et en vérité ».  Le croyant sait que demeurer en Dieu passe par l’amour concret pour ses frères et sœurs en actes et non seulement en paroles.

La première lecture nous propose comme exemple de disciple la personne de Saint Paul.  Après avoir cherché à combattre la foi chrétienne il a fait l’expérience poignante de la rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas.  Il pourra alors témoigner de Celui qu’il a rencontré et qui a bouleversé sa vie.  Il demeure dans le Christ comme le Christ demeure en lui.  Cela se voit et s’entend :Je cite la 1° lecture : »Paul allait et venait dans Jérusalem avec les apôtres, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur. »

Soyons des femmes et des hommes qui vivent, par la prière et par l’écoute de la Parole, en communion avec le Christ, branchés sur lui comme le sarment sur la vigne.  Soyons des témoins de l’amour de Dieu, non par de simples paroles mais « par des actes et en vérité » (2° lecture). Nous pourrons alors entendre Jésus nous dire : ‘Ainsi, vous serez pour moi des disciples. »

Prière universelle

C’est dans la confiance et le soutien de l’Esprit de Dieu que nous lui adressons notre prière.

Nous sommes facilement obsédés par ceux qui font le mal.

Nous en oublions d’admirer toutes ces femmes et ces hommes de bonne volonté qui donnent le meilleur de leur vie au service des autres.

Pour que nous changions notre regard sur les autres et sur le monde.
Seigneur nous te prions.

Dans une société super active, il est difficile pour les personnes malades ou âgées, d’accepter de se sentir devenir inutiles.

Qu’elles soient cependant assurées que par leur sourire, leur reconnaissance, elles peuvent encore produire du réconfort, du courage et de la joie… plus qu’elles ne l’imaginent
 et qu’elles ont toujours bien leur place dans notre société.

Seigneur nous te prions.

Toutes les statistiques l’affirment : ils sont de plus en plus nombreux
ceux qui, déçu par l’institution, 
se coupent de la communauté croyante et se privent des sacrements.

Puissent-ils, malgré tout, laisser monter en eux la sève de l’Evangile

en vivant le commandement d’amour.

Seigneur nous te prions.

Seigneur, ce que nous te demandons, nous savons que tu ne nous l’accorderas pas automatiquement mais avec notre participation.

Sois béni pour ta bonté par le Christ notre Seigneur. Amen.

« P’tit rawett » :  LES DEUX VIGNERONS

Il était une fois deux vignerons.

Ils étaient voisins et profondément amis.

       A force de silence, ils étaient devenus semblables à leurs vignes, noueux comme les sarments de leurs vignes.

         Chaque année, chacun goûtait le vin de son ami.  Et le souvenir du bouquet unique de leur vin s’imprimait en eux.

Or il advint qu’un jour la guerre a contraint ces deux amis à l’exil.  Et par un décret absurde, ils ne pouvaient partir ensemble.

       Au moment de quitter leur terre, ils ont emporté un sarment de leur vigne dans l’espoir de le replanter là où ils iraient et de tout recommencer.

A la dernière minute, sans un mot, ils ont échangé leur sarment et chacun est parti avec un sarment de la vigne de son ami.

Ils ont replanté le sarment.

Les années ont passé. Sans nouvelles de l’autre.

Or un jour, l’un des deux a obtenu l’adresse de son ami.

Le vigneron était profondément heureux.  Il décida de lui écrire

Il a regardé son verre de vin.  Il l’a pris, il l’a humé longuement.  Il a reconnu cette pointe de mousse et de framboise.  C’était bien le bouquet du vin de son ami.

Alors, il a écrit sans hésiter: « Ce soit en t’écrivant, j’ai bu du vin de ma vigne… » Il est resté quelques instants suspendu à ses propres mots, puis il a biffé un seul mot et c’est devenu: «Ce soit en t’écrivant, j’ai bu du vin de ta vigne… »

L’autre vigneron a été profondément heureux de recevoir une lettre de son ami et immédiatement il a voulu répondre.

Il a écrit: « Ce soir, en t’écrivant, moi aussi, j’ai bu du vin de ta vigne .. »

Il a envoyé la lettre.  La distance que la guerre avait creusée entre ces deux amis a été abolie.

Je vous ai raconté cette histoire en pensant à Jésus disant : « Ainsi, vous serez pour moi des disciples.

Inspiré de Pierre Paul DELVAUX

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