En ces jours-là, le Seigneur descendit dans la nuée pour parler avec Moïse. Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les 70 anciens. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; eux aussi avaient été choisis, mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » – Parole du Seigneur.
Psaume 18 (19), 8, 10, 12-13, 14
R/ Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur. (Ps 18, 9ab)
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.
Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.
Deuxième lecture – « Vos richesses sont pourries » (Jc 5, 1-6) – Lecture de la lettre de saint Jacques
Vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses, alors que nous sommes dans les derniers jours ! Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs, le voici qui crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers. Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices, et vous vous êtes rassasiés au jour du massacre. Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous oppose de résistance. – Parole du Seigneur.
Évangile – « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la » (Mc 9, 38-43.45.47-48) – Alléluia. Alléluia. Ta parole, Seigneur, est vérité ; dans cette vérité, sanctifie-nous. Alléluia. (cf. Jn 17, 17ba) – Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. » – Acclamons la Parole de Dieu.
L’Esprit souffle où il veut !
Pour bien comprendre les textes de ce dimanche, il faut avoir en mémoire deux réactions : celle de Josué dans la première lecture et celle de Jean dans l’évangile. D’un côté, Josué demande à Moïse d’arrêter Eldad et Médad qui prophétisent dans le camp, et de l’autre côté, Jean veut rejeter un homme qui agit au nom de Jésus alors qu’il n’appartient pas au groupe des disciples. Josué et Jean sont habités tous les deux par des sentiments de jalousie, d’intolérance et peut-être même d’arrogance. Mais, l’Esprit de Dieu souffle là où il veut ! Il peut même prendre des chemins de traverse et agir librement là où on ne l’attend pas. Ainsi, ce n’est plus sur les soixante-dix anciens choisis par Dieu qu’il faut compter pour les prophéties, mais aussi sur deux hommes qui n’étaient pas présents dans l’assemblée des soixante-dix. De même, Jésus fait entendre à ses disciples qu’ils ne sont pas les seuls habilités à parler, à libérer et à agir en son nom. Le message est clair : celui qui n’agit pas contre l’Évangile, qui ne cherche pas à diviser mais à unir, agit au nom de Dieu même s’il ne fait pas partie des attitrés et des mandatés. Mieux encore, tous ceux qui travaillent à bâtir le Royaume agissent selon le désir de Dieu. Nous voici alors interpellés à faire un travail de déconstruction des représentations que nous nous faisons de Dieu. Le Dieu de Jésus Christ est un Dieu d’Alliance et non un Dieu d’exclusion. Avec Jésus, l’étranger n’est pas une menace mais une chance. Écrire ce commentaire à partir de l’Afrique, c’est penser à toutes les rivalités nocives et les jalousies qui existent entre les différentes églises chrétiennes. Certaines prétendent être les seules accréditées à soigner les malades et à défendre les opprimés. Aurait-on oublié que la foi est tolérance, acceptation de l’autre et capacité d’accueillir le bien et le vrai, d’où qu’ils viennent ?
Père Jean-Paul Sagadou, assomptionniste, rédacteur en chef de Prions en Église Afrique