Méditation – Abbé Fernand Stréber – 6ème dimanche de Pâques Année B

Aimez-vous les uns les autres » C’est sans doute la Parole de Jésus la plus universellement connue.  Ce qui est dommage c’est que nous l’avons amputée de tout ce qui fait son originalité : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Aimer comme Jésus, voilà qui change tout !

Abbé F. Stréber

De l’effort d’aimer à la joie de l’amour (I Jn 4,7-10 ; Jn 15,9-17)
Deuxième lecture  – « Dieu est amour » (1 Jn 4, 7-10)

Bien-aimés, aimons-nous  les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés.

Évangile –  « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 9-17)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

Homélie

L’extrait évangélique de ce dimanche fait partie du testament spirituel de Jésus.  Dans le 4° évangile, Saint Jean le situe quelques instants avant l’arrestation de Jésus.  Il vient de laver les pieds de ses 12 apôtres en leur demandant d’en faire autant les uns aux autres.

A ce moment, dans un discours que nous relate partiellement l’évangile du jour, Jésus ramasse l’essentiel de son message.  Laissez-moi vous en transmettre les quatre versets que je vais commenter brièvement :

1 –« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »  (v 11)

2 –«  Mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés ».  (v 12)

3 – « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (v 14)

4 – « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »(v. 9).

 

Ce sont des propos apparemment décousus mais en réalité, reliés par un mot : « ami » et ses dérivés.  Ils reviennent 12 fois dans l’évangile du jour et 10 fois dans la 2° lecture.  Il est donc aisé de trouver le fil rouge de ces lectures : reconnaître que notre Dieu qui se révèle en Jésus est le Dieu d’amour.

 

1 –« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »(v11) : dit Jésus.

L’Eglise existe depuis 20 siècles.  Beaucoup reste encore à faire pour réaliser le testament de Jésus.

Pourquoi tant d’inertie et d’infidélités ?

Une hypothèse de réponse: c’est parce que, trop souvent, l’Eglise parle seulement de l’effort et du devoir à accomplir pour aimer mais très peu de la joie d’aimer.  Et pourtant ce sentiment exaltant se retrouve dans l’Evangile.  Passer de l’effort d’aimer à la joie d’aimer n’est-ce pas plus mobilisateur !

 

2 –«  Mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés ».  dit Jésus.(v 12)

La 1° partie de ce précepte n’est pas nouvelle.  Par contre la nouveauté réside dans la seconde partie du verset: « Comme je vous ai aimés », comme Jésus nous a aimés c’est-à-dire jusqu’à l’extrême et de manière désintéressée.  Personnellement, je déplore que la seconde partie de ce verset soit si souvent omise quand des chrétiens citent ce commandement.  Ce précepte pris dans son entièreté est nouveau dans le sens qu’il est UNIQUE.  Aimer son prochain comme Jésus, de la même manière que lui qui vient de laver les pieds de ses apôtres, voilà qui change tout.

 

3 – « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (v 14) dit Jésus.

Au premier abord, « Commandement » est un mot à résonnance négative.  Il fait penser au rapport du contremaître par rapport à l’ouvrier, de l’adjudant vis-à-vis du soldat.  Pourtant l’amour vrai c’est un acte libre et fort qui consiste à faire la volonté de celui ou celle qu’on aime.  Ne dit-on pas parfois à son bien-aimé : « Tes désirs sont des ordres ».  En aimant on se lie, nous devenons dépendants.  Autrement dit, le « commandement » d’aimer, ne résonne plus comme un ordre, une obligation morale, mais comme une attitude toute naturelle.  Jésus considère ses apôtres non pas comme des serviteurs, des subalternes mais comme des amis, autrement dit sur pied d’égalité avec lui. (v 15)

 

4 – « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » dit Jésus.(v. 9).

L’amour que nous sommes invités à vivre est d’abord don de Dieu.  « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais lui qui nous a aimés. »dit la 2° lecture (I Jn 4,10).

C’est en étant convaincu d’être aimé de Dieu, son Père que Jésus a pu aimer jusqu’au don de sa vie.  Et fort de cette puissance d’amour, il a choisi ses apôtres. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis afin que vous portiez du fruit. » dit-il dans l’Evangile d’aujourd’hui. (Jn 15,16)

Jésus nous choisit aussi de la même manière.  Ainsi, l’amour fraternel auquel nous sommes appelés n’est pas avant tout une affaire de volonté personnelle mais une réponse libre au Christ.

En résumé :

Aimer, c’est entrer dans un mouvement qui part de Dieu, que Jésus est venu expérimenter sur terre de manière exceptionnelle et inédite et que nous sommes appelés à poursuivre, chacun, dans le quotidien de nos vies avec les personnes rencontrées, de la manière la plus joyeuse possible.

Abbé F. Stréber

Prière universelle (6° dimanche de Pâques B)

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous appelle ses amis.

Aux enfants qui reçoivent le sacrement de confirmation

ou qui vont communier pour la première fois

et qui sont appelés à devenir tes amis,

Seigneur, donne ta joie!

 

Dans la première lecture, nous avons entendu le message de Dieu
ne faisant aucune différence entre les hommes quelles que soient leurs idées, leur nationalité, leur race ou leur culture.

Aux personnes qui cherchent
à concrétiser cette tolérance aujourd’hui,

Seigneur, donne ta joie!

 

A celles et ceux qui, chaque jour, fidèlement et sans bruit, se dévouent à la fois au service des autres dans la famille, l’école, le milieu professionnel,
une association ou l’unité pastorale,

Seigneur, donne ta joie!

 

A celles et ceux qui travaillent avec patience pour la justice et la paix autour d’eux et dans le monde,

Seigneur, donne ta joie!

Li pt’tit rawett LA CHAINE ET LE PEIGNE

Il y avait une fois, en quelque lieu du monde, deux époux dont l’amour n’avait pas cessé de grandir depuis le jour de leur mariage. Ils étaient très pauvres et chacun d’eux savait que l’autre portait en son cœur un désir inassouvi : lui avait une montre en or et ambitionnait secrètement d’acquérir un jour une chaine du même métal précieux; elle avait de grands et beaux cheveux, et rêvait d’un peigne de nacre pour les serrer sur sa nuque.

 

Avec les années qui passaient, lui en était venu à penser au peigne plus qu’à la chaine de montre, cependant qu’elle oubliait la nacre en cherchant comment acheter la chaine rutilante. Depuis longtemps, ils n’en parlaient plus, mais leur esprit secrètement nourrissait le projet impossible.

 

Au matin de leurs noces d’or, le mari eut la stupeur de voir son épouse avancer vers lui, les cheveux coupés.

 

« Qu’as-tu fait, mon amie ?»

 

Elle ouvrit alors ses mains dans lesquelles brillait la chaine d’or :

« Je les ai vendus pour acheter la chaine qui accompagnera ta montre »

 

« Ma pauvre amie, s’écria-t-il en ouvrant ses propres mains dans lesquelles resplendissait la nacre, j’ai vendu la montre pour t’acheter le peigne ! »

 

Et de tomber dans les bras l’un de l’autre, dépouillés de tout, riches de leur seul amour.

Gérard BESSIÈRES

Extrait de « Rendez-vous contes » recueil réalisé par A. VERVIER et Fd STREBER.

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