Homélie – Fête de la Sainte Famille – Abbé Fernand Stréber

« VIVE LA FAMILLE »
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils. Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

Homélie

Je ne peux m’empêcher de faire 4 parallèles entre l’Evangile que nous venons d’entendre et ce qui s’est passé au temps de Moïse :

1°     Le peuple juif a été déporté en Egypte et s’en est sorti avec Moïse.
         La famille de Jésus s’est aussi exilée en Egypte.

2°      L’enfant Moïse a échappé au massacre du dictateur de l’endroit en se réfugiant à l’étranger.
         L’enfant Jésus a échappé au massacre du dictateur de l’endroit en fuyant lui aussi à l’étranger.

3°      Avec Moïse, le peuple juif parcourt un long chemin pendant l’exode.  Avec Jésus, ses parents parcourent un long chemin :

Galilée – Bethléem pour le recensement,

Bethléem – Egypte pour fuir au massacre d’Hérode,

Egypte – Nazareth après la mort d’Hérode pour éviter le regard du fils d’Hérode.   

4°      Moïse est le libérateur du peuple hébreu.

Matthieu montre que Jésus est le nouveau Moïse en parcourant le même chemin que lui.  Jésus est le nouveau Moïse que les juifs attendaient depuis longtemps.  Mais comment l’a-t-il été ? Pas à la manière d’Hérode, car les puissants habitent les palais des rois et ne se retrouvent pas obligés de naître dans une étable au creux d’un rocher.  Ils font à ce point sentir leur pouvoir qu’ils poussent les gens sur les routes de l’exil. Jésus fut libérateur par cette proximité fraternelle qui révélait un visage inattendu à la tendresse.  Il le fut en se rendant proche et solidaire.  Parfois en dénonçant ce qui écrasait injustement le petit et l’Homme de l’humble classe.  Il choisit d’être ainsi homme au milieu des hommes, pour leur dire à quel point ils avaient du prix aux yeux de Dieu.

         J’ose croire que ces 4 parallèles ne doivent pas être le fruit du hasard dans la tête de Matthieu qui s’adresse à des communautés juives connaissant très bien l’histoire du peuple de Dieu.

         Joseph joue un rôle primordial dans cette histoire.  Par Joseph, Jésus entre dans la descendance de David.  Cela est un élément essentiel pour attester que Jésus est le Messie.  Le Messie devait être de la race de David selon ce qui est écrit dans la Bible.

         Donc, Jésus a des racines. Il n’est pas un météore ni un ange.  Pour moi, cela résonne comme première bonne nouvelle.

         En lisant l’évangile de Matthieu, je découvre une deuxième bonne nouvelle : Jésus, Messie pour les chrétiens, l’est aussi pour toute l’humanité donc aussi pour tous les types de familles existant aujourd’hui chez nous : familles unies ou éclatées,  familles biparentales ou monoparentales, familles vivant hors mariage ou familles recomposées.  C’est en faisant ce constat que nous sommes invités à accueillir ces textes bibliques.

         Nous pouvons aussi entendre le mot « famille » de façon beaucoup plus large en y incluant toutes les personnes qui nous donnent de l’affection.  Pour moi c’est une 3° bonne nouvelle.  Cet élargissement est vital pour tous ceux qui n’ont pas ou n’ont plus la chance de vivre dans une famille, pour ceux que leur famille fait beaucoup souffrir parce qu’elle limite son rôle à un rôle de géniteur ou de nourricier.

1       Avec vous je prie Marie en vue d’éclairer toutes les familles du monde

pour qu’elles prennent conscience de leur rôle irremplaçable aux yeux des enfants, qu’elles mobilisent toutes leurs énergies avec détermination en priorité en faveur de leurs enfants.  L’enfant est « un concentré d’amour. »  Dans l’extrait évangélique proclamé aujourd’hui, l’enfant n’est-il pas le personnage central !  En effet, ce mot est cité à six reprises.

2       Avec vous je prie Dieu Père en vue d’éclairer toutes les familles

pour ne pas seulement faire de leurs enfants des personnes utiles, rentables à la société mais aussi des personnes développant des valeurs spirituelles au sens large.  Dans ce domaine, l’exemple parental est bien plus efficace que n’importe quelle parole.

3       Avec vous je demande au Christ d’éclairer toutes les familles

pour qu’elles acquièrent la force morale qui leur servira à faire face et à assumer sereinement les situations dramatiques qui surviennent.  Cette force leur sera bien plus utile que les horoscopes, les voyantes et autres pompeurs de fric.

4       Avec vous je demande à l’Esprit Saint d’éclairer toutes les familles

pour qu’elles se donnent les moyens de construire leur bonheur dans la stabilité et la durée.  Cela aidera les enfants à tracer leur chemin propre.  Cela leur évitera de vivre avec un cœur en bandoulière. 

Abbé Stréber Fernand

Prière universelle – Dernier dimanche de l’année

En cette année qui s’achève,
Seigneur, nous te confions tous ceux qui nous ont côtoyés
et nous ont apporté leur sérénité et leur réconfort.
Aide-nous à leur témoigner notre reconnaissance.
Nous te prions.

En de jour de la fête de la sainte famille,
Seigneur, nous pensons à tel membre de notre famille
dont la route terrestre a pris fin brutalement ou après de longues souffrances.
Avec nous, allège le chagrin de ceux qui continuent seuls le chemin.
Nous te prions.

En cette année qui s’achève,
Seigneur, nous te confions des voisins, des collègues
que nous avons croisés trop vite.
Sois à nos côtés pour vaincre désormais cette indifférence.
Nous te prions.

En cette année qui s’achève, Seigneur,
nous te confions tant de proches
qui sont esclaves de l’alcool, de jeux de hasard ou de jouissances sans repères.
Donne-nous ta patience pour les aider
à sortir de ces drogues.
Nous te prions.

P’tit rawett‘ : TRENTE ANS PLUS TOT

J’ai connu une famille que je n’ai jamais oubliée.  Le père, la mère, un seul enfant.  Un garçon.  Il est mort jeune, dans des circonstances tragiques.  On en parle encore.  Je ne l’ai appris que plus tard : j’étais en voyage.  Pourtant, je m’en veux.  Il paraît que nous sommes nombreux dans ce cas.  J’aurais dû renouer avec ce garçon auparavant: quand il a quitté sa mère et son travail, quand il a commencé à sillonner le pays.  Pour y faire quoi, au juste?  On ne m’en parle qu’à mots couverts, mais qui suffisent à me causer un mélange de regrets et remords.  Allez savoir pourquoi?  Qui aurait dit cela, trente ans plus tôt, quand je les ai connus à Nazareth ?

Gilbert CESBRON, bonheur de rien, Laffont

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