Homélie – 29ème dimanche temps ordinaire – Année C – Abbé Fernand Stréber

Première lecture Ex. 17,8-13 – Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, le peuple d’Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites.Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. » Josué fit ce que Moïse avait dit :il mena le combat contre les Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au fil de l’épée.

ÉVANGILE (Lc 18, 1-8) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !  Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Homélie

Le mal et la souffrance sont l’objection la plus courante à l’existence de Dieu !

Il est aisé de croire en Dieu lorsque tout va bien. Mais, par contre, lorsque le mal touche surtout des innocents ou nous-mêmes personnellement, croire en Dieu devient une chose quasi incompréhensible, inadmissible et révoltante.

Les lectures que nous venons d’entendre ne sont pas là pour nous rassurer.  Elles semblent dire qu’il suffit de prier pour que tout aille bien.  Voyez Moïse, il prie les bras levés vers le ciel et comme par enchantement son armée gagne la bataille.  Et cette veuve, à force d’ennuyer le juge, obtient satisfaction.

La démarche semble assez simple, il suffit de prier pour obtenir l’objet de nos demandes.  Nous avons peut-être déjà entendu des personnes qui disaient : « Si vous n’obtenez pas satisfaction, c’est parce que vous ne priez pas assez ou parce que vous n’avez pas suffisamment la foi ».

Dans ce cas, nous pourrions nous questionner sur la qualité et l’efficacité de la prière de Jésus lui-même.  Lui non plus n’a pas été exaucé au jardin des oliviers, la veille de sa crucifixion, lorsqu’il demande à son Père : « Eloigne de moi cette coupe », et quelques  instants plus tard, sur la croix , il dira : « mon Dieu mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Nous avons été éduqués dans cette mentalité que la prière est essentiellement un flot de paroles : ne dit-on pas « on récite ses prières » « on dit ses prières ».  Alors on répète des formules apprises par cœur, on lit de belles prières au dos d’images pieuses, on lit de beaux textes, de belles pensées.

Or si nous regardons l’histoire de Moïse autant que celle de la veuve de l’Evangile, il n’est guère question de paroles.  Moïse ne dit pas grand-chose mais il accomplit un geste éprouvant, si dur qu’il trouve l’aide de ses compagnons pour tenir le coup.  Aujourd’hui aussi, dans une situation difficile, je considère l’aide d’autres comme un fruit de ma prière.  il est bon de trouver des frères pour soutenir nos mains défaillantes comme Aaron l’a fait dans la première lecture pour Moïse. 

De même, la veuve de l’Evangile : Comme les autres veuves en Israël, elle est privée de ressources et de protection légale.  Ses biens sont menacés par la malhonnêteté de ceux qui la savent sans défense.  Elle demande justice à un juge qui n’est pas disposé à entamer une procédure.  C’est d’autant plus grave qu’il s’agit d’une femme veuve.  Mais cette femme est déterminée.  Forte de son bon droit, elle s’avance les mains nues à visage découvert avec, pour seule arme, la force de son cri.  Sa parole est essentiellement accompagnée d’une démarche très éprouvante.  Imaginez combien elle a dû vaincre sa peur pour oser frapper à la porte d’un juge.  Combien de fois a-t-elle du traverser la ville pour se rendre dans le quartier des notables, attendre de longues heures avant d’être reçue peut-être comme un chien ?

Oui, la prière est bien plus qu’une suite de mots.  Elle est aussi une action assez difficile, une démarche, une mise en route.

Si nous nous imaginons qu’à force de paroles nous nous ferons entendre de Dieu et qu’il finira par les exaucer, nous nous trompons.  Les textes d’aujourd’hui nous montrent que la prière est d’abord un mouvement, une démarche éprouvante et pénible dans laquelle tout notre corps, tout notre être est engagé.

La prière n’est pas magique.  Si elle commence peut-être par une parole elle ne sera vraiment prière efficace que si elle s’achève dans une lutte, un combat pour obtenir, ou plus exactement pour réaliser, avec l’aide de Dieu, ce que nous lui demandons.

Pour cela, il faut prier sans relâche, prier pour que s’accomplisse le premier miracle: notre propre conversion.  À force de dire « Notre Père », nous finirons peut-être bien par considérer les autres comme nos frères.  À force de dire « Pardonne-nous comme nous pardonnons », nous finirons peut-être bien par essayer de pardonner, et peu à peu, le Royaume de Dieu s’installera en nous et autour de nous.  Un rêve? Non, une réalité qui réclame un engagement quotidien.

Alors, une seule consigne aujourd’hui: tout comme Moïse à l’époque, ne jamais baisser les bras.

Prière universelle :

Avec la confiance de la veuve de l’Evangile, n’hésitons pas à demander à Dieu de nous venir en aide pour que la justice soit partout respectée.

Ils sont nombreux ceux qui prient pour que Dieu éloigne les souffrances

et fasse en sorte que toutes les femmes et les hommes de la terre vivent heureux.

Qu’ils soient aussi nombreux à prolonger leur prière jusqu’à l’engagement

afin que celle-ci se concrétise et advienne à la réalité.

 Seigneur nous te prions.

 

Le mal et les souffrances les plus diverses envahissent le monde.

L’énormité de la tâche nous décourage.

Pour qu’avec la même détermination et obstination que la veuve de l’Evangile

nous ne nous lassions pas de nous mettre en marche et d’agir.

Seigneur nous te prions.

 

En ce jour de mission universelle, nous pensons particulièrement

à toutes ces personnes qui se dévouent auprès des plus démunis de la planète.

Que notre humble geste de charité aujourd’hui (la collecte)

les aide à toujours lever les bras et à accomplir leur engagement.

Seigneur nous te prions.

C’est toi, Seigneur qui nous invite à prier. Poursuis alors en nous l’action que tu as commencée en Jésus ton Fils Notre Seigneur Amen.

PTIT’RAWETT’ – LES DEUX SERVITEURS

Il y a bien longtemps vivait dans un pays lointain un homme riche qui avait deux serviteurs.  Un jour, il les appela et leur dit: « J’ai une tâche importante à vous confier.  Je veux faire parvenir deux sacs de riz à mon ami qui habite là-haut sur cette montagne.  Vous prendrez donc chacun un sac et vous le lui apporterez.  Soyez sur vos gardes quand vous traverserez la jungle.  Préparez-vous à partir dans une heure ».

Sur ce, il les congédia.  Le premier serviteur courut à sa case, ferma la porte derrière lui, se mit à genoux et pria.  Le second courut, lui aussi, à sa case, ferma la porte derrière lui, se mit à genoux et pria.

A l’heure convenue, ils retournèrent auprès de leur maître pour prendre livraison de leur charge.

Le premier serviteur saisit son sac et se mit en route.  Quand le second voulut en faire autant, le maître lui dit « La moitié du sac suffit ». Le serviteur sourit et s’en fut, plein de joie.

En route, il se dit « Mon compagnon de travail n’a aucune idée de ce que l’on peut demander à Dieu dans la prière.  Je lui apprendrai ».

Les deux serviteurs arrivèrent chez l’ami de leur maître, et le second lui remit le sac à moitié plein, qu’il apportait.  L’ami lui dit: « Je suis satisfait; tu t’es acquitté de la tâche qu’on t’avait confiée ».

Le premier serviteur se présenta à son tour, avec le sac plein.

L’ami lui dit: « Je suis satisfait; tu as apporté cette lourde charge et je te remercie ».

Sur le chemin du retour, celui qui avait transporté le sac à moitié plein exposa à son compagnon la manière dont il avait prié: « J’ai déploré devant Dieu la faiblesse de ma constitution et l’incapacité où elle me mettait de porter un sac plein.  J’ai demandé d’alléger le poids de mon sac et Dieu m’a exaucé. »

Son camarade lui répondit: « Moi aussi, j’ai exposé à Dieu ma faiblesse et mon incapacité de porter un sac plein.  Je lui ai demandé d’augmenter mes forces et Dieu a exaucé ma prière.  Il m’a fortifié et j’ai trouvé mon travail plus léger. »

Légende de Birmanie

Laissez-nous votre commentaire !