Homélie – Assomption de Marie – Abbé Fernand Stréber

Assomption de Marie (Luc 1, 39-56) 
Évangile  « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région  montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. – Acclamons la Parole de Dieu.

Homélie – «En ces jours-là…» (Premiers mots de l’Evangile)

Tout a commencé en Galilée, à Nazareth, un 25 mars : pile-poil 9 mois avant le 25 décembre.  Ce jour-là, tôt le matin, Marie entend du bruit à l’entrée de la maison.  Serait-ce  une visite imprévue de Joseph son amoureux qui tourne autour d’elle depuis un certain temps?  Non.  C’est le facteur.  La porte est fermée.  Par où est-il entré? Il s’appelle Gabriel.  En hébreu, ça signifie « l’homme de Dieu ».

– Je te salue, Marie, je t’apporte une bonne nouvelle : Tu es pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.  Alors, il t’a choisie pour mettre au monde son Fils.

–«  Holà, Gabriel! Doucement – dit Marie  -Comment est-ce qu’il va faire? Je ne suis même pas mariée. »

– Ça, c’est son problème.  Il en a vu d’autres.  D’ailleurs, ta cousine Élisabeth qui habite dans la montagne de Judée est enceinte de six mois.  Je suis bien placé pour le savoir.  C’est moi qui ai mis son mari Zacharie, au parfum.  Le pauvre, il en a eu le souffle coupé et ne sait plus parler.  N’empêche, on la disait stérile.  Alors, tu vois… Rien n’est impossible à Dieu.

– « Tiens, Marie, voilà le recommandé -dit l’ange -signe ou fais une croix. »

– « O.K., Gabriel, tu es un ange.  Moi, je suis la servante du Seigneur. Je te fais confiance, ou plutôt je lui fais confiance. Que tout se passe comme tu l’as dit ».

Gabriel s’en va comme il est venu.  Comme une lettre à la poste. Ni une ni deux, Marie fait son balluchon.  Il faut qu’elle aille chez sa cousine.  Vous comprenez bien: la pauvre, à son âge, a besoin de l’aide d’une jeune.  Marie part avec empressement.

Combien de jours de marche jusque là-bas? La Judée, ce n’est pas la porte à côté.  Marie ne recule devant rien.  Quand elle entre dans la maison de sa cousine et la salue, voilà que l’enfant tressaille dans le ventre d’Élisabeth.  Le futur Jean-Baptiste annonce à sa manière la prochaine venue du Messie.  La valeur n’attend pas le nombre des années.  Élisabeth a la primeur de la Bonne Nouvelle.  Elle sait tout parce que l’Esprit Saint lui a tout soufflé: que Marie a eu la visite de l’ange, qu’elle a dit oui, qu’elle est déjà mère, et qu’elle porte en elle le Seigneur.

– « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni! » –dit Elisabeth.

Marie déborde de bonheur.  Le trop-plein.  Elle ne trouve pas les mots pour l’exprimer.  Alors lui revient à l’esprit un vieux cantique de la Bible qu’elle a appris chez le scribe du village, quand elle était petite: le cantique d’Anne, mère de Samuel, qui se désolait de ne pas avoir d’enfant.  Marie entonne le cantique à sa façon, par bribes et morceaux, y ajoute ses propres mots, et c’est le Magnificat.

«  Le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom! »

Un cantique magnifique, bouleversant et subversif, qui s’est envolé de la montagne de Judée pour arriver jusqu’à l’église de Porcheresse avec toute sa force.

Et puis?  Tout est rentré dans l’ordre et l’anonymat.  «Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.» dit l’Evangile.  Trois mois. Juste le temps qu’Élisabeth arrive à terme et accouche, et que la jeune Marie, à l’école de sa vieille cousine, apprenne son rôle de mère et apprivoise la vie qui grandit en elle.  Après les grandes envolées de la Visitation, que se sont-elles dit ces deux futures mères pendant ces trois mois? Qu’ont-elles fait ?  Nous ne le saurons jamais. Mais probablement, des paroles d’amour, des paroles de foi, des gestes de tendresse et de complicité. C’est le mystère des femmes et des mères, qu’un homme peut à peine soupçonner.  Mystère de l’humilité d’un Dieu fou, qui pour se révéler au monde, prend vie au plus secret d’une humble jeune fille.  Mystère incompréhensible pour les uns, incroyable pour les autres.  Qu’importe! Celle que Dieu a choisie sur terre pour être la mère de son Fils, Dieu assume jusqu’au ciel, le ciel de Dieu bien sûr pas le ciel astronomique. C’est l’Assomption!

Après le 1° conflit mondial au début du siècle dernier, beaucoup de soldats « poilus » comme on les appelait, rentrés de la guerre en 1918 ont dit merci à Marie.  En bien des endroits, des statues de ND de Lourdes ont été installées.  Des églises lui ont été dédicacées et notamment celle-ci reconstruite après la 1° guerre mondiale, mais aussi la Chapelle de Gembes et l’annexe de Six Planes.  Aujourd’hui, avec Marie, nous disons merci à Dieu pour toutes les personnes qui ont contribué à la reconstruction de cette église et à son entretien depuis 100 ans.

Pour dire merci à Marie, nous pouvons relire le Magnificat. Le Magnificat est le résumé de la pensée de Marie.  C’est d’ailleurs tout ce qui fait son intérêt, nous pouvons même dire « tout son charme ».  Le Magnificat est un sommet, un point culminant de l’Evangile.

Si nous venions à oublier ou à perdre le contenu de l’Evangile, nous pouvons dire qu’avec le Magnificat nous gardons l’essentiel du message de Jésus.  Le grand intérêt du Magnificat c’est qu’il nous révèle le visage de Dieu tel que Marie, la mère de Jésus, se le représentait elle-même : il est un Dieu que nous sommes appelés à louer et en qui nous espérons !

Prière Universelle Assomption Pour nous ouvrir aux besoins des hommes

« Le Puissant élève les humbles. »

Seigneur, en ce jour de fête,
beaucoup se sentent proches de Marie,
particulièrement en se rendant dans des lieux de pèlerinage.
Que ton Église sache accueillir avec respect
tous les humbles.
Avec Marie, nous te prions.

 

« Le Puissant comble de biens les affamés. »

Seigneur, la prière de la Vierge Marie
nous invite à renverser les valeurs du monde.
Que cette préférence pour les pauvres
inspire les choix de nos responsables politiques.
Avec Marie, nous te prions.

 

« Le Puissant se souvient de son amour, »

Seigneur, Marie nous montre la joie du service.
Que nous puissions la partager
en visitant ceux qui souffrent, particulièrement les malades, les prisonniers, les personnes qui vivent dans la rue.
Avec Marie, nous te prions.

 

« Le Puissant fit pour moi des merveilles. »

Seigneur, Marie ne cesse de chanter ta louange.
Que notre communauté s’associe à son chant
en reconnaissant les merveilles de ta miséricorde.
Avec Marie, nous te prions.

CELEBBRANT :
Seigneur Jésus, fils de Marie, fais monter jusqu’au Père les prières que nous t’adressons, toi qui vis près de lui, dans la lumière de l’Esprit-Saint, pour les siècles des siècles. AMEN

 P’tit rawett » – La cruche fissurée :Parabole narrée par le Père Luc LAFLEUR.

Un vendeur d’eau, chaque matin, se rend à la rivière, remplit ses deux cruches, part vers la ville distribuer l’eau à ses clients.

            Une des cruches, fissurée, perd de l’eau, l’autre, toute neuve, rapporte plus d’argent. La pauvre fissurée se sent inférieure. Elle décide, un matin, de se confier à son patron.

            « Tu sais, dit-elle, je suis consciente de mes limites. Tu perds de l’argent à cause de moi car je suis à moitié vide quand nous arrivons en ville. Pardonne mes faiblesses »

            Le lendemain, en route vers la rivière, notre patron interpelle sa cruche fissurée, et lui dit:

            – Regarde sur le bord de la route.

            – C’est joli, c’est plein de fleurs.

            – C’est grâce à toi, réplique le patron. C’est toi qui, chaque matin, arroses le bas-côté de la route. J’ai acheté un paquet de graines de fleurs et je les ai semées le long de la route, et toi, sans le savoir et sans le vouloir, tu les arroses chaque jour. Ne l’oublie jamais nous sommes tous un peu fissurés mais Dieu, si nous le lui demandons, sait faire des merveilles avec nos faiblesses.

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