Homélie – 19ème dimanche temps ordinaire Année C – Abbé Fernand Stréber

Évangile =>Luc 12, 35-40 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien :
si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Homélie (Versions raccourcie & longue)

Nous étions en juin 44.  Chaque jour, Julien écoutait la radio de Londres.  Et il avait bondi de joie quand il avait appris que l’armée américaine avait débarqué en Normandie.

Immédiatement, il s’était procuré une carte de l’Europe.  C’était sa façon de faire la guerre aux Allemands.  Sur cette carte, il avait épinglé des petits drapeaux, aux couleurs des combattants.  Des drapeaux qu’il déplaçait sur la ligne du front, suivant les informations.

Jusqu’au jour où il en a placé un de ce côté-ci de la frontière belge.  Et à partir d’alors, chaque matin, il montait au grenier avec une paire de jumelles.  Et au travers d’une petite lucarne, il scrutait l’horizon.

Julien cherchait à être le premier à s’écrier :« Les Américains sont là ».  Julien était un veilleur.

Être veilleurs c’est ce que Jésus attend de ses disciples dans la parabole proclamée aujourd’hui.  «Gardez vos lampes allumées » dit-il. «Soyez comme des gens qui attendent leur maître. »  En effet, le maître mis en scène dans cette parabole était parti sans laisser d’adresse.  Le maître, autrement dit Jésus, était parti à des noces et ce devait être loin.  Personne ne connaissait l’heure à laquelle il reviendrait.  « Peut-être serait-il minuit ou même plus tard. »

Nous sommes donc les serviteurs du Christ qui est parti.  Bien plus loin qu’en Océanie.  Nous sommes les disciples du Christ physiquement invisible depuis Pâques.  Inutile de rêver !.  Inutile de prétendre que sa présence et son action sont évidentes, qu’il y a du merveilleux qui ne s’explique qu’ainsi.  Tout aussi inutile d’affirmer qu’on rate sa vie si on ne le reconnaît pas.

Non, Jésus ne parlera pas en direct à la Première.  Le soleil luira sur ses amis comme sur ceux qui lui sont indifférents.  Depuis sa résurrection et son Ascension, Jésus est matériellement absent.

Mais avant de s’en aller, Il a promis à ses disciples qu’il reviendrait.  Il leur a dit de l’attendre, en gardant leurs lampes allumées.  Il leur a demandé d’être des veilleurs.   Alors, la tentation est grande pour eux de « monter au grenier« , de scruter 1’horizon, dans l’espoir de le voir revenir et de rester là, les yeux fixés au ciel, pour ne pas rater son retour.

« Pourquoi restez-vous là, à regarder le ciel »? leur diront un jour des anges.

Car, à force de monter au grenier et de regarder par une petite lucarne, on risque de ne pas Le voir qui passe là, simplement, dans la rue.

Cependant, Jésus les avait prévenus : «Restez en tenue de service. »

Autrement dit, ce sont celles et ceux qui se mettent au service des malades, des blessés de la vie, des enfants exploités et des aînés oubliés, qui auront le plus de chance de le trouver.  Ce sont ceux et celles qui s’engagent dans des combats contre la faim et pour le développement dans le monde, pour la remise de la dette du Tiers Monde, pour l’accueil de l’immigré qui ont le plus de chance de le rencontrer.

Jésus a ajouté: « Le maître, à son arrivée, prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Christ adopte lui-même l’attitude qu’il conseille aux disciples d’adopter.  C’est lui qui, avant le dernier repas pris avec ses apôtres, a revêtu un tablier et leur a lavé les pieds.  Je ne connais qu’un seul maître qui adopte ce retournement des rôles, cette tâche habituellement confiée aux subordonnés.  Ce n’est pas cette attitude qu’on attend habituellement de quelqu’un qu’on considère comme son maître.

Supplément éventuel (ce § peut être omis)

« Tenez-vous prêts : C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra. »  Cette phrase  a été longtemps comprise comme une mise en garde : attention, restez sur vos gardes car la mort peut vous surprendre et vous emmener directement pour comparaître devant le tribunal divin.  Ce « tenez-vous prêts » suscite alors la crainte du juge suprême.

²Heureusement, ce « tenez-vous prêts » peut être compris dans un autre sens : ainsi par exemple : un jour de vacances, mes voisins avaient organisé un pique-nique destiné à quelques enfants.  Ils leur avaient dit : « tenez-vous prêts, nous passerons vous prendre à 9h ».  Quelle fête ! Prêts ils l’étaient bien avant.  A 6h du matin ils étaient déjà debout ont  dit les parents.

De même encore le fiancé, même s’il arrive à l’avance chez sa fiancée, croyez-moi, elle sera toujours prête à l’accueillir. Même si elle ne s’y attendait pas, son cœur est toujours prêt.

Oui, c’est vraiment une Bonne Nouvelle que Jésus nous adresse aujourd’hui.

C’est ainsi que je vous propose de comprendre le « tenez-vous prêts » : comme une invitation à garder notre enthousiasme.  Fin du supplément

Conclusion proclamée avec les 2 versions.

L’adjectif « Heureux » est mentionné à deux reprises dans cette parabole : un beau clin d’œil à la vie.  Donc deux fois heureux le serviteur que le maître trouvera ainsi, en train de veiller de cette manière.

Aujourd’hui encore Jésus accompagne celles et ceux qui acceptent de faire un bout de chemin avec Lui.  Il contribue à leur bonheur.  Au moment de la mort, Jésus ne les abandonnera pas.  C’est le cœur de ma foi.  J’espère et souhaite qu’il en soit de même pour vous.

Abbé STREBER Fernand

P’tit rawett’ (proclamée après la communion) : Mon frère

Je marchais à pas lents sur un sentier de montagne quand, au loin, j’ai vu un grand animal.
J’ai pris peur et j’ai serré mon bâton.  Nos pas nous rapprochant,  mon inquiétude s’est apaisée quand j’ai vu que c’était un homme.
Arrivant près de lui et croisant son regard, j’ai vu qu’il était mon frère.

Extrait de « Voyages au pays des 500 contes » édité par A. VERVIER et F. STREBER

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