S. Eusèbe, évêque – S. Pierre-Julien Eymard, prêtre
Première lecture – « En cette année jubilaire, chacun de vous réintégrera sa propriété » (Lv 25, 1.8-17) – Lecture du livre des Lévites
Le Seigneur parla à Moïse sur le mont Sinaï et dit : « Vous compterez sept semaines d’années, c’est-à-dire sept fois sept ans, soit quarante-neuf ans. Le septième mois, le dix du mois, en la fête du Grand Pardon, vous sonnerez du cor pour l’ovation ; ce jour-là, dans tout votre pays, vous sonnerez du cor. Vous ferez de la cinquantième année une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Ce sera pour vous le jubilé : chacun de vous réintégrera sa propriété, chacun de vous retournera dans son clan. Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire : vous ne ferez pas les semailles, vous ne moissonnerez pas le grain qui aura poussé tout seul, vous ne vendangerez pas la vigne non taillée. Le jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez ce qui pousse dans les champs. En cette année jubilaire, chacun de vous réintégrera sa propriété. Si, dans l’intervalle, tu dois vendre ou acheter, n’exploite pas ton compatriote. Quand tu achèteras à ton compatriote, tu tiendras compte des années écoulées depuis le jubilé ; celui qui vend tiendra compte des années qui restent à courir. Plus il restera d’années, plus tu augmenteras le prix ; moins il en restera, plus tu réduiras le prix, car la vente ne concerne que le nombre des récoltes. Tu n’exploiteras pas ton compatriote, tu craindras ton Dieu. Je suis le Seigneur votre Dieu. » – Parole du Seigneur.
Psaume 66 (67), 2-3, 5, 7-8
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! (Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
Évangile – « Hérode envoya décapiter Jean dans la prison. Les disciples de Jean allèrent l’annoncer à Jésus » (Mt 14, 1-12) – Alléluia. Alléluia. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux ! Alléluia. (Mt 5, 10) – Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Hérode, qui était au pouvoir en Galilée, apprit la renommée de Jésus et dit à ses serviteurs : « Celui-là, c’est Jean le Baptiste, il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. » Car Hérode avait fait arrêter Jean, l’avait fait enchaîner et mettre en prison. C’était à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe. En effet, Jean lui avait dit : « Tu n’as pas le droit de l’avoir pour femme. » Hérode cherchait à le faire mourir, mais il eut peur de la foule qui le tenait pour un prophète. Lorsque arriva l’anniversaire d’Hérode, la fille d’Hérodiade dansa au milieu des convives, et elle plut à Hérode. Alors il s’engagea par serment à lui donner ce qu’elle demanderait. Poussée par sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut contrarié ; mais à cause de son serment et des convives, il commanda de la lui donner. Il envoya décapiter Jean dans la prison. La tête de celui-ci fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l’apporta à sa mère. Les disciples de Jean arrivèrent pour prendre son corps, qu’ils ensevelirent ; puis ils allèrent l’annoncer à Jésus. – Acclamons la Parole de Dieu.
Une force qui éloigne la peur
Libératrice, la vérité peut être déplaisante. Elle l’est pour Hérode. Voilà pourquoi il a mis Jean Baptiste en prison. Les paroles de vérité du prophète le dérangent. Aussi préfère-t-il réduire cet original au silence. Dommage! Jean Baptiste voulait libérer Hérode de la prison d’une sensualité désordonnée: « Tu n’as pas le droit de vivre avec elle. » Mais, en emprisonnant Jean Baptiste, Hérode renforce la solidité de ses propres chaînes. Et la peur de déplaire à la fille d’Hérodiade enferme encore davantage Hérode dans la prison de son péché.
Les circonstances de la décapitation de Jean-Baptiste peuvent laisser croire qu’il est mort en vain, uniquement pour satisfaire les caprices d’une danseuse. Et pourtant, son martyre produira son effet. Sa mémoire hantera le roi et soutiendra l’espérance d’un peuple qui attend la venue du Messie.
Pour annoncer la parole de Dieu dans l’adversité, il faut certainement une force de caractère hors du commun. Dans ces jours qui sont les nôtres, il n’est pas aisé d’évangéliser, de proposer la foi au Christ et de dénoncer certaines injustices. La peur du ridicule, de l’échec, du rejet et de l’incompréhension peut nous faire trembler. Encore aujourd’hui, Dieu nous appelle à devenir prophètes pour notre temps. Certains le font dans l’ombre, d’autres sont plus exposés aux railleries et aux persécutions. Sachons répondre à l’appel que le Seigneur inscrit au fond de notre cœur. Il a besoin de nous pour faire résonner sa voix dans toutes les sphères du monde. Quand nous entendons la voix des prophètes, accueillons leur parole qui libère.
Prière
Seigneur, donne-moi le courage de Jean-Baptiste qui ne transige pas avec les exigences de ton amour, et qui ose dénoncer les injustices, les petites et les grandes combines de ce monde, avec l’aide de ton Esprit-Saint, lui qui fait de nous des fils.
Christine, journaliste