Homélie – 17ème dimanche Temps ordinaire Année C – Abbé Fernand Stréber

La prière de demande convertit notre relation à Dieu
Première lecture – Lecture du livre de la Genèse  Gn 18, 20-32

En ces jours-là, les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome. Alors le Seigneur dit : « Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai. » Les hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur. Abraham s’approcha et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? » 

   Le Seigneur déclara : « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » Abraham répondit : « J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il déclara : « Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq. » Abraham insista : « Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? » Le Seigneur déclara : « Pour quarante, je ne le ferai pas. » Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? » Il déclara : « Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. » Abraham dit alors : « J’ose encore parler à mon Seigneur. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? » Il déclara : « Pour vingt, je ne détruirai pas. » Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le Seigneur déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. »

Évangile  (Lc 11, 1-13)

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

   Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.” Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.” Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.

   Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.

   Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Homélie

Abraham était vraiment tenace.  Si j’étais vulgaire, je dirais « casse-pied », tellement il est insistant.  Pour épargner la ville de Sodome, il fait un véritable marchandage avec Dieu.

L’Evangile va dans le même sens : quel est le compagnon qui refuserait de donner du pain à son ami sans gêne venant le réveiller pendant la nuit ?

En résumé ces deux lectures sembleraient vouloir dire qu’il suffit de demander n’importe quoi à Dieu, avec un peu d’insistance.  On finirait toujours par être exaucé.  Ceci peut faire rêver !  Une « bonne » prière me permettrait de gagner à la loterie ou de réussir mes examens.  Un tel raccourci faisant croire qu’on peut demander n’importe quoi de n’importe quelle manière, nous fait passer à côté du message de Jésus.

Pour m’aider à comprendre, je relève trois passages des lectures bibliques que nous venons d’ écouter:

  • Abraham ne demande pas quelque chose pour lui mais pour les habitants de Sodome.
  • Dans l’évangile, un homme accueille des amis arrivant à l’improviste pendant la nuit. Il souhaite leur donner à manger mais il n’a plus de pain.  Il va en demander à son voisin. 
  • Le 3ème extrait est un peu semblable : « Quel père donnerait à manger un serpent à son fils  qui lui demande un poisson ?  » 

Remarquons que ces trois personnes ne prient pas pour obtenir un plus à ce qu’ils possèdent déjà.  Non, il s’agit d’obtenir un pardon ou de la nourriture, càd quelque chose d’absolument nécessaire, d’indispensable à la subsistance ou à la vie.

      En lisant ces deux récits je me suis aussi posé cette question : pourquoi devons-nous prier avec autant d’insistance?  D’abord Abraham qui essaye de toutes ses forces d’infléchir le cœur de Dieu ou encore l’évangile qui nous dit de ne pas avoir peur d’insister : « frappez, demandez, cherchez … et vous obtiendrez ! »  Dieu serait-il sourd ?  Son cœur serait-il si peu sensible qu’il faille tant insister ?  Si vraiment il nous aimait, ne pourrait-il nous donner, nous ouvrir avant même que nous le lui demandions. 

Non, Dieu n’est pas sourd.  Saint Luc veut simplement nous dire que Dieu ne fera rien sans notre collaboration.  Si nous avons perdu quelque chose il ne suffit pas de dire une bonne prière pour que ça tombe du ciel.  Il faut aussi chercher.  

Jésus est bien clair : A notre prière nous devons joindre le geste, l’effort, le travail, la recherche.

Prenons un exemple: le plus mauvais service que des parents puissent rendre à leurs enfants c’est de faire tout à leur place.  Au contraire, en bons éducateurs ils leur apprendront à devenir autonomes, à travailler et à lutter pour se construire.

Mais dans les moments difficiles les parents seront toujours aux côtés de leurs enfants pour les encourager, les soutenir et leur apporter l’aide nécessaire jusqu’à ce que cela aille mieux et puis ils se retireront.

Il en est de même pour Dieu.  Comme un Père qui nous aime, il ne fait pas le travail à notre place mais il est toujours à nos côtés pour nous aider, nous soutenir et nous relever.

La prière ne nous épargne ni les épreuves ni la souffrance.  Elle ne change pas le cours des événements mais elle nous donne la force de les affronter.

            Le verbe « demander » revient sept fois dans l’évangile d’aujourd’hui.  La dernière fois il est lié à la demande de l’Esprit-Saint.  Que c’est beau de clôturer cette péricope par une telle requête.  Ce don suprême nous aide à percevoir ce qui nous convient au moment propice.  N’hésitons jamais à  solliciter l’Esprit-Saint pour être en relation ajustée avec Dieu, avec Jésus et entendre ce qu’ils nous demandent à leur tour.  Nous serons transformés sous son effusion.  De cette manière, notre prière de demande convertira notre relation à Dieu.

Abbé Stréber  Fernand, fernand.streber@skynet.be

P’tit rawett’ – « HISTOIRE DE JEANNOT »

Dans la cour de récréation d’un centre de rééducation pour enfants handicapés, un petit garçon vient de tomber et il a beaucoup de peine à se relever.

Un éducateur passe et l’enfant, abandonnant son effort,  tend la main en disant:
«  – Aide-moi. »  «  – Aide-moi. »  «  – Aide-moi. » 

Mais l’éducateur s’approche en souriant et lui répond:

« – Non, Jeannot, relève-toi tout seul. »

L’enfant fait une crise de colère mais l’éducateur ne change pas d’avis. Alors calmé,

Jeannot reprend son effort retrouve doucement une position d’équilibre.
Un grand sourire se dessine sur son visage et il se jette dans les bras du grand en disant:

« – Hein… tu ne m’as pas aidé… tu le diras aux autres, hein… tu le diras que je l’ai fait tout seul ! »

Et après Jeannot dit encore: « – Si, tu m’as quand même aidé !.. »

L’éducateur lui répond alors: « – Maintenant Jeannot, je t’aiderai toujours comme cela. »

Il était une foi tome 1 Ed CRJC (Liège) 

Prière universelle 

« Demandez et vous obtiendrez… ».  Nous appuyant sur l’invitation de Jésus, adressons à son Père nos intentions de prière.

  • « Que ton nom soit sanctifié… » Pour ceux qui hésitent à te prier, qui doutent de ton existence et pour ceux qui ne cherchent pas à te connaître. Seigneur nous te prions.
  • « Donne-nous le pain de chaque jour… » Pour ceux que tenaille la faim, Ceux qui n’ont pas leur part de nourriture Et pour ceux qui gaspillent le pain. Seigneur nous te prions.
  • « Pardonne-nous nos péchés… » Pour ceux que les mésententes et les mesquineries ont déchirés, pour celles et ceux qui ont osé un geste de réconciliation. Seigneur nous te prions.

Père, nous frappons à la porte de ton cœur ! Entends nos demandes, comble nos recherches et nous grandirons ensemble sous ton regard. Amen.

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