Évangile (Lc 24, 46-53)
En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. à vous d’en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.
Homélie
Les paparazzis n’existaient pas à l’époque de Jésus pour nous offrir le scoop de tous les temps: Jésus s’envolant vers le ciel!
Le dommage n’est pas bien grand parce que, aussi sophistiqués que soient leurs téléobjectifs, ils n’auraient rien pu fixer sur leur pellicule à la manière des astronautes photographiant une fusée envoyée dans l’espace. Luc ne parle pas un langage aérospatial mais bien un langage symbolique.
« Jésus se sépara d’eux » dit l’Evangile d’aujourd’hui.
« Séparer », est un verbe très important dans la Bible parce que dans la bible, la séparation est un geste créateur. Souvenons-nous du récit de la création dans le livre de la Genèse. Dieu a créé le monde en séparant.
Il sépare le ciel de la terre. Il sépare le jour de la nuit, les eaux d’en haut et les eaux d’en bas. Il sépare les oiseaux des autres mammifères, etc…
Dans la Bible comme dans la vie, « séparer » c’est « créer ». En effet, en me séparant de l’autre tout en lui conservant mon amour, je lui donne la possibilité de devenir lui-même et de créer à son tour.
4 exemples pour nous aider à comprendre :
* La maman mettant un enfant au monde se sépare de lui, met une distance entre lui et elle.
* 2° exemple : Des parents ayant peur de perdre leur enfant, l’étouffent dans leur manière de l’éduquer. Ils n’arrivent pas à couper le cordon et ne supportent pas de le voir s’éloigner. Cette situation se termine parfois par un drame lorsque le jeune, voulant vivre sa vie, part en claquant la porte.
* 3° exemple : La vie de couple devient infernale lorsqu’un des deux conjoints refuse toute autonomie à l’autre par peur de le perdre, par manque de confiance.
* 4° exemple : Dans la relation entre le maître et l’élève notamment dans une académie de musique, le professeur n’oblige pas l’élève à l’imiter mais il lui offre l’occasion de se démarquer, d’innover, de prendre ses responsabilités, de créer du neuf. Le jeune pianiste Valère Burnon de Marche en est un bel exemple au concours reine Elisabeth qui se déroule actuellement.
Ces 4 exemples nous montrent que la séparation n’est pas synonyme d’éloignement. Lors de l’accouchement, la maman se sépare de son enfant. Il n’y a plus fusion entre elle et lui. Mais elle reste plus que jamais présente et proche de lui dans un face à face.
Eh bien, c’est ce que Jésus fait avec ses apôtres. Jusque maintenant ceux-ci l’accompagnaient à la manière des brebis guidées par leur berger.
La solennité de l’Ascension signifie que Jésus se sépare de ses apôtres. Après leur avoir partagé ce qui le faisait vivre, Jésus va leur transmettre l’Esprit Saint. Cet Esprit aidera les apôtres à prendre des initiatives et à valoriser leurs talents et charismes les plus divers.
A l’Ascension, Jésus se sépare de ses apôtres. De cette manière, Il poursuit l’œuvre de création de Dieu son Père.
Ce qui fait l’importance de cette solennité de l’Ascension, c’est qu’elle clôture l’acte de création de Dieu pour laisser la place aux apôtres et à leurs successeurs.
Les apôtres deviennent créateurs à leur tour. Forts de la Bonne Nouvelle de l’évangile, c’est à eux que revient désormais la responsabilité de créer du beau, du bon de la solidarité autrement dit construire le Royaume de Dieu, non pas en se l’appropriant mais en osant la séparation, c’est-à-dire en osant à leur tour laisser la place à d’autres pour qu’ils deviennent plus libres, autonomes et adviennent eux aussi comme créateurs à leur tour.
P’tit rawett’
Deux jumeaux discutent dans le ventre de leur mère.
– Bébé 1 : Et toi, tu crois à la vie après l’accouchement ?
– Bébé 2 : Bien sûr. C’est évident que la vie après l’accouchement existe. Nous sommes ici pour devenir forts et nous préparer pour ce qui nous attend après.
– Bébé 1: Pffff… Tout ça, c’est insensé. Il n’y a rien après l’accouchement ! A quoi ressemblerait une vie hors du ventre ?
- Bébé 2 : Eh bien, il y a beaucoup d’histoires à propos de « l’autre côté »… On dit que, là-bas, il y a beaucoup de lumière, beaucoup de joie et d’émotions, des milliers de choses à vivre… Par exemple, il paraît que là-bas on va manger avec notre bouche.
- Bébé 1 : Mais c’est n’importe quoi ! Nous avons notre cordon ombilical et c’est ça qui nous nourrit. Tout le monde le sait. On ne se nourrit pas par la bouche ! Et, bien sûr, il n’y a jamais eu de revenant de cette autre .. donc, tout ça, ce sont des histoires de personnes naïves. La vie se termine tout simplement à l’accouchement. C’est comme ça, il faut l’accepter.
– Bébé 2 : Et bien, permets-moi de penser autrement. C’est sûr, je ne sais pas exactement à quoi cette vie après l’accouchement va ressembler, et je ne pourrai rien te prouver. Mais j’aime croire que, dans la vie qui vient, nous verrons notre maman et elle prendra soin de nous.
Bébé 1 : « Maman » ? Tu veux dire que tu crois en « maman » ??? Ah ! Et où se trouve-t-elle ?
Bébé 2 : Mais partout, tu vois bien ! Elle est partout, autour de nous ! Nous sommes faits d’elle et c’est grâce à elle que nous vivons. Sans elle, nous ne serions pas là.
Bébé 1 : C’est absurde ! Je n’ai jamais vu aucune maman donc c’est évident qu’elle n’existe pas.
Bébé 2 : Je ne suis pas d’accord, ça c’est ton point de vue. Car, parfois lorsque tout devient calme, on peut entendre quand elle chante. On peut sentir quand elle caresse notre monde. Je suis certain que notre Vraie vie va commencer après l’accouchement.