Homélie – Vigile pascale – Abbé Fernand Stréber

Lectures choisies pour l’homélie 

« Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer » (Ex 14, 15 – 15, 1a) – Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : « Pourquoi crier vers moi ? Ordonne aux fils d’Israël de se mettre en route ! Toi, lève ton bâton, étends le bras sur la mer, fends-la en deux, et que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec. Et moi, je ferai en sorte que les Égyptiens s’obstinent : ils y entreront derrière eux ; je me glorifierai aux dépens de Pharaon et de toute son armée, de ses chars et de ses guerriers. Les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur, quand je me serai glorifié aux dépens de Pharaon, de ses chars et de ses guerriers. » L’ange de Dieu, qui marchait en avant d’Israël, se déplaça et marcha à l’arrière. La colonne de nuée se déplaça depuis l’avant-garde et vint se tenir à l’arrière, entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël. Cette nuée était à la fois ténèbres et lumière dans la nuit, si bien que, de toute la nuit, ils ne purent se rencontrer. Moïse étendit le bras sur la mer. Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. Les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Les Égyptiens les poursuivirent ; tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses guerriers entrèrent derrière eux jusqu’au milieu de la mer. Aux dernières heures de la nuit, le Seigneur observa, depuis la colonne de feu et de nuée, l’armée des Égyptiens, et il la frappa de panique. Il faussa les roues de leurs chars, et ils eurent beaucoup de peine à les conduire. Les Égyptiens s’écrièrent :
« Fuyons devant Israël, car c’est le Seigneur qui combat pour eux contre nous ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Étends le bras sur la mer : que les eaux reviennent sur les Égyptiens, leurs chars et leurs guerriers ! » Moïse étendit le bras sur la mer. Au point du jour, la mer reprit sa place ; dans leur fuite, les Égyptiens s’y heurtèrent, et le Seigneur les précipita au milieu de la mer. Les eaux refluèrent et recouvrirent les chars et les guerriers, toute l’armée de Pharaon qui était entrée dans la mer à la poursuite d’Israël. Il n’en resta pas un seul. Mais les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Ce jour-là, le Seigneur sauva Israël de la main de l’Égypte, et Israël vit les Égyptiens morts sur le bord de la mer. Israël vit avec quelle main puissante le Seigneur avait agi contre l’Égypte. Le peuple craignit le Seigneur, il mit sa foi dans le Seigneur et dans son serviteur Moïse. Alors Moïse et les fils d’Israël chantèrent ce cantique au Seigneur :

« Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus » (Rm 6, 3b-11)

Frères, nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ.

« Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24, 1-12)

Le premier jour de la semaine,  à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : ‘Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.’ » Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites. Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres. Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

Homélie

Depuis quelques semaines, j’entends prononcer le mot de « Pâques ».  Pour les Juifs et les Chrétiens ce mot signifie « Passage ». C’est autour de ce mot que j’ai choisi de faire mon commentaire ce soir en commençant par 3 flashs : 

1       Lors de la libération du peuple hébreux de l’esclavage égyptien, Dieu ouvre un passage dans les eaux de la Mer Rouge permettant à son peuple d’atteindre sa destination.  Cela a été raconté dans la lecture de l’Exode au début de la célébration. (Ex. 14,15-15,1a)

2       Dans sa lettre aux Chrétiens de Rome, St Paul dit ceci : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui. »
(Rm 6,8)

3       Lors d’un jogging dans la forêt de Hotton en décembre dernier, vers 16h30, je suis surpris en fin de parcours, par le sentier couvert d’une abondante quantité d’eau amenée par un affluent de l’Ourthe habituellement asséché.  Si je fais demi-tour, je ne pourrai être rentré avant la tombée de la nuit.  Si je passe à travers, je prends de grands risques vu que le sentier est devenu invisible.  Me voilà dans l’impasse.  Un autochtone m’aidera à trouver le passage.

Dans l’évangile, après avoir été rassurées par l’ange, quelques femmes courent de grand matin au tombeau.  Ah quelle merveille ce jogging féminin du dimanche matin !  Grâce à elles les apôtres sortiront progressivement de l’impasse créée la veille lors de la crucifixion de Jésus leur maître.  Désormais leur maître a franchi le passage de la mort vers la Vie.  (Lc 24,1-12)

Une brèche s’est ouverte dans ces 3 impasses.
1- L’impasse de la mer empêchant la traversée des esclaves hébreux à peine libérés de l’Egypte.
2- L’impasse de la mort sur une croix et du tombeau empêchant Jésus de poursuivre sa belle mission.
3- L’impasse de l’affluent de l’Ourthe m’empêchant de rentrer à la maison avant la nuit.

Autour de nous, il existe d’autres impasses : Quelques exemples :le changement climatique, la dette du Tiers-monde, les camps de réfugiés, …

L’intervention de Dieu continue d’ouvrir des passages de la même manière qu’avec les Hébreux sortant de l’esclavage égyptien et aussi après la mort de Jésus:
– La mer n’est plus une impasse vers la liberté.
– La mort n’est plus une impasse vers la Vie.

Si nous le souhaitons, grâce à cette bonne nouvelle extraordinaire, nous emportons  le dynamisme nécessaire pour nous lever à notre tour et collaborer à (faire) franchir des impasses.

Pâques, ce n’est pas l’effet d’une baguette magique par laquelle d’un coup, une fée créerait un monde merveilleux.
Pâques c’est une brèche ouverte par la force puissante de la résurrection de Jésus par l’amour infini de Dieu.
Pâques, c’est le don d’une lumière par Jésus ressuscité pour avancer.
Pâques c’est une brèche ouverte dans nos impasses.
Pâques c’est l’ouverture d’un passage qui nous permet de sortir de notre zone de confort pour vivre et non vivoter.
Pâques c’est l’ouverture d’un passage où risquer devient possible.

Fd Stréber

P’tit rawett’ – Ca passe !

            Après une longue marche, voici le col abrupt collé à la montagne,.

         Qui aurait cru, vu d’en bas, qu’un chemin passait par-là, permettant de franchir l’obstacle du massif ? Et puis là-haut, nouvelle surprise: le monde continue à marcher de l’autre côté!  L’arrivée au sommet du col ouvre un horizon insoupçonné.  La montagne jusque-là bouchait nos regards et voici qu’elle dévoile un au-delà d’elle-même.

         La vie est ce chemin à travers la montagne, souvent escarpé, douloureux parfois.  La vie est un chemin de montagne parsemé de difficultés.  le chemin ne se perd ni dans le néant des nuages, ni dans la noirceur d’une crevasse sans fond.  La vie a donc un versant caché.  Le chemin aboutit dans une autre vallée.  Grâce à ce chemin çà passe: c’est Pâques !

         Pour atteindre le sommet du col, pour vivre cette Pâque, quel chemin prendre ? Une multitude de sentiers sillonnent la montagne et je peux faire de nombreux détours, et me perdre.  Alors, comme un bon guide de montagne, le Christ, premier de cordée, a ouvert le chemin.  Il est passé et, se retournant vers ceux qui suivent, Il crie : « C’est bon ! çà passe, c’est le bon chemin. »

Olivier WENDEL

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