S. Grégoire de Narek, abbé et docteur de l’Église
Première lecture – « Ne tarde pas à te retourner vers le Seigneur » (Si 5, 1-8) – Lecture du livre de Ben Sira le Sage
Ne t’appuie pas sur tes richesses, ne dis pas : « Elles me suffisent. » Ne te laisse pas entraîner par ton instinct et ta force à suivre les désirs de ton cœur. Ne dis pas : « Qui m’en imposera ? », car le Seigneur ne manquerait pas de te châtier. Ne dis pas : « J’ai péché, et rien ne m’est arrivé », car le Seigneur sait attendre longtemps. Ne sois pas assuré du pardon au point d’entasser péché sur péché. Ne dis pas : « Sa miséricorde est grande, il pardonnera bien tous mes péchés », car, en lui, il y a pitié mais aussi colère ; son indignation s’abattra sur les pécheurs. Ne tarde pas à te retourner vers le Seigneur, ne remets pas ta décision de jour en jour ; car brusquement éclatera la colère du Seigneur, et à l’heure du châtiment, tu seras anéanti. Ne t’appuie pas sur des richesses injustement acquises : elles ne te serviront de rien au jour de l’adversité. – Parole du Seigneur.
Psaume 1, 1-2, 3, 4.6
R/ Heureux est l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur. (Ps 39, 5a)
Heureux est l’homme
qui n’entre pas au conseil des méchants,
qui ne suit pas le chemin des pécheurs,
ne siège pas avec ceux qui ricanent,
mais se plaît dans la loi du Seigneur
et murmure sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre
planté près d’un ruisseau,
qui donne du fruit en son temps,
et jamais son feuillage ne meurt ;
tout ce qu’il entreprend réussira.
Tel n’est pas le sort des méchants.
Mais ils sont comme la paille
balayée par le vent.
Le Seigneur connaît le chemin des justes,
mais le chemin des méchants se perdra.
Évangile – « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains » (Mc 9, 41-50) – Alléluia. Alléluia. Accueillez la parole de Dieu : pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu. Alléluia. (cf. 1 Th 2, 13) – Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. Chacun sera salé au feu. C’est une bonne chose que le sel ; mais s’il cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » – Acclamons la Parole de Dieu.
Sel et paix
Ce discours de Jésus à ses disciples nous parle de personnes : un assoiffé chrétien et un distributeur de verre d’eau, un petit et un grand qui le fait tomber, des pécheurs transformés en manchots, boiteux et borgnes.
À tous ceux-là, et c’est la bonne nouvelle que Jésus annonce, il est promis un nouveau lieu d’incorruptibilité : là où le ver meurt et où le feu destructeur est éteint (cf. v.48) ; et de purification : « là où chacun sera salé au feu » (v.49).
Pourtant, dans une première lecture un peu superficielle, qu’est-ce que ces paroles viennent chagriner en nous, qu’est-ce que ces images fortes d’imperfections et de vulnérabilité viennent casser en notre inconscient ? Sans doute, un modèle d’intégrité et une image idéalisée de notre réussite à entrer irréprochables et impeccables au Paradis. Eh bien, non! nous apprend Jésus. Car ceux qui entreront dans la plénitude et la miséricorde divine, seront d’abord : l’assoiffé en dépendance… comme Jésus assis au bord du puit sait recevoir d’un autre ou d’une autre un verre d’eau, le petit qui a trébuché… comme Jésus est tombé deux fois sous le scandale de la croix qu’il porte jusqu’au Golgotha, ainsi que tous les perdants ou les abîmés (sans main, ni pied, ni œil)… comme Jésus ressuscité montre ses plaies et son côté ouvert.
Jésus n’a qu’une seule exigence pour ses disciples : « ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous », c’est-à-dire qu’il n’a pas souci des apparences, de ce qui se voit, de ce qui est extérieur à l’homme. Mais Jésus appelle à ce sel en chacun et à cette paix dans la communauté.
Sel et paix sont les deux ingrédients à chercher et à cultiver en nous et entre nous pour entendre cette Parole qui s’accomplit dans l’aujourd’hui de notre vie en Christ et de son Église : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,5).
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