En ce début d’année, c’est un nouveau chapitre de notre vie qui s’ouvre. Qu’allons-nous écrire sur cette page blanche qui se présente à nous ?
Comme pour les mages qui se mettent en route, je vous souhaite de découvrir et reconnaître Dieu sur la paille, la paille de toutes les fragilités.
Abbé Fernand Stréber
Évangile : Mt 2,1-12
Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : ‘A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple.’ Alors, Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez-vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille moi aussi, me prosterner devant lui. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Homélie – « Jeu d’échec en trois parties »
Après le merveilleux de la nuit de Noël, alors que nos sapins n’étant pas de l’espèce robuste « Nordmann » perdent déjà leurs aiguilles, que s’est ouverte la saison des soldes, la période des bilans et des inventaires… voici comme une « première rawette » à nos ambiances féeriques. Voici l’Epiphanie, voici les mages et leur mystère, leurs coffrets d’or et de parfums précieux.
Qu’étaient-ils ? Que faisaient-ils ? D’où venaient-ils ? Personne ne le sait.
Ils venaient d’Orient. C’est assez imprécis pour construire sur ces personnages nombre de fables et d’histoires aussi belles qu’un conte de fée.
M’en voudrez-vous si, au lieu de vous en raconter encore une, j’attire plutôt votre attention sur un jeu d’échecs étonnant qui se jouera en trois parties auquel se prête notre évangéliste Matthieu.
Dans un camp il met des mages, venus d’Orient, donc des non juifs donc des gens classés dans la catégorie des païens.
Dans l’autre camp, il met le monde juif, le peuple choisi par Dieu.
Le premier pion avancé s’appelle « Jérusalem », la capitale, la ville sainte où les mages croient pouvoir trouver l’enfant.
Mauvaise manœuvre… c’est Bethléem, une humble cité que Dieu choisit.
Le premier camp nous montre des personnages qui cherchent et ne savent pas.
Le camp adverse présente des scribes, (les professionnels de la religion) qui croient savoir et se dispensent de chercher. Ils n’ont plus rien à apprendre puisque c’est eux qui instruisent les autres.
Tandis que le premier camp, sur la réponse de l’autre, prend le risque de la route pour repartir vers Bethléem, le second camp demeure enfermé dans la ville de Jérusalem.
Au terme de leur longue marche, le premier camp (les mages ) se réjouit d’une très grande joie
tandis que le camp adverse (les scribes) est bouleversé et ne bouge toujours pas.
Le premier camp a fait avancer » le roi des Juifs qui vient de naître »
tandis que 1e second camp fait avancer » le roi Hérode qui est bouleversé et tout Jérusalem avec lui « .
Plus tard une deuxième partie d’échecs reprendra, car, ce que nous venons de lire n’en était que la première.
La 2° partie se jouera d’une part, entre Jésus, appelé roi des Juifs par Pilate
et d’autre part les grands prêtres et les scribes avec un nouvel Hérode, successeur de l’autre.
De nouveau, nous verrons Jésus rejeté de Jérusalem, crucifié hors de la ville. Le centurion romain – aussi un non-juif comme les mages – confessera au pied de la croix : » Vraiment cet homme était fils de Dieu « … à l’exemple des mages qui ont reconnu la divinité de l’enfant en offrant leurs cadeaux : l’or pour dire sa royauté, la myrrhe pour sa sépulture, l’encens pour affirmer sa divinité.
Quoi qu’on en pense, le récit de l’adoration des mages n’est donc pas anodin :
il annonce la Passion de Jésus, rejeté par les siens et reconnu par des païens.
Comme on fait une introduction à un livre pour bien situer l’action ou pour annoncer l’intention de l’auteur, ainsi en est-il des évangiles de l’enfance écrit par Matthieu et Luc.
Ils décrivent les origines de Jésus pour déjà nous dire l’enjeu de sa présence parmi les hommes. L’enjeu annoncé par l’adoration des mages, c’est le rejet de Jésus par les responsables juifs et l’accueil de son message par des peuples païens.
Les mages regagnent leur pays par un autre chemin. C’est fini ! On ne passe plus par Jérusalem, on ne passe plus par la loi religieuse juive car elle a mal vieilli. Il y a désormais une autre Jérusalem qui s’appelle l’Eglise. Elle est ouverte à tous les peuples de la terre, à toutes les cultures et à toutes les races.
Ma question : notre Eglise en 2025 peut-elle vieillir, elle aussi ?
Vieillir, se contenter de ce qu’elle sait, sans plus se laisser interpeller par l’Evangile et le monde d’aujourd’hui, sans plus être en état de recherche.
Vieillir, se mettre du côté d’Hérode, des puissants et oublier que, quand Dieu paraît dans le monde, c’est toujours sous les traits inattendus d’un enfant.
Vieillir, garder son or, ne pas oser partager ses trésors.
La réponse est « oui ». En effet, le centre du christianisme est de moins en moins l’Europe. Il s’est déplacé vers l’Amérique latine et l’Afrique.
La troisième partie d’échecs a commencé. Il reste à souhaiter que nous ayons choisi le bon camp.
Prière universelle : Premier dimanche de l’année
En cette année qui commence,
Seigneur, nous te confions,
tous ceux qui feront un bout de chemin avec nous.
Aide-nous à leur témoigner notre reconnaissance.
Nous te prions.
En cette année qui commence,
Seigneur, nous pensons à tel membre de notre famille
dont la route terrestre est parsemée d’embûches.
Avec nous, allège son chagrin.
Nous te prions.
En cette année qui commence,
Seigneur, nous te confions aussi des voisins,
des collègues que nous croiserons peut-être trop vite.
Sois à nos côtés
pour vaincre cette indifférence.
Nous te prions.
En cette année qui commence, Seigneur,
nous te confions tant de proches
qui sont esclaves de l’alcool ou d’autres drogues.
Fortifie-nous pour les accompagner
sur le chemin de libération face à ces dépendances.
Nous te prions.
P’tit rawett’ : « L’ÉTOILE PRÉCIEUSE »
Il était une fois une petite étoile tombée du ciel, égarée en plein champ sur la planète
terre. Comment ne pas être repérée quand on scintille de la sorte !
Survient une femme, tout occupée à ramasser des branches mortes pour chauffer sa maison. La femme doucement s’approche, de ses mains délicates elle écarte la terre qui écrase la malheureuse étoile.
Peu à peu, celle-ci revit, elle brille bientôt de tous ses feux.
– Oh, se dit la femme, je vais l’emporter dans ma maison, elle éclairera mon mari quand il reviendra du travail.
Abandonnant ses branches mortes, dans ses deux mains ouvertes, rapprochées en forme de coupe,
la femme recueille la petite étoile, et toute joyeuse, regagne sa maison.
Arrivée chez elle, sur un socle près de la porte, elle dépose sa précieuse découverte.
De retour le soir, le mari est étonné par la vive clarté qui l’accueille en franchissant la porte.
– Qu’est-ce que cette chose brillante? demande l’homme.
La femme raconte.
– Elle nous est précieuse cette étoile, dit l’homme. Gardons-la pour nous.
– Non, dit la femme, mettons-la dehors, elle éclairera tous ceux qui passeront près de notre maison.
Plus l’homme disait « Gardons-la pour nous », plus la clarté de l’étoile diminuait.
Plus la femme disait « Mettons-la dehors », plus l’étoile brillait.
L’homme prépare une place sur le rebord de la fenêtre et y dépose le brillant trésor.
Depuis ce jour, la petite étoile n’a pas quitté sa fenêtre et sa clarté est de plus en plus vive.
Tagore