Homélie – Fête du Christ Roi – Année B – Abbé Fernand Stréber

ÉVANGILE « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »

Homélie

En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous assistons à une audience dans un tribunal.  Elle se passe devant Pilate, l’autorité romaine suprême qui détient le pouvoir de vie et de mort.  Le prévenu s’appelle Jésus.  Le sujet du délit: le titre de roi que Jésus ne s’est jamais attribué mais que les grands prêtres juifs lui ont collé parce qu’il parlait souvent de son Royaume.

La royauté du Christ ne lui vient pas de ses origines familiales même s’il est le lointain descendant du roi David qui a vécu 10 siècles avant lui.

Elle ne lui a pas été acquise par l’empereur de Rome ou par une élection.  Toutes ces royautés reçues des hommes sont des royautés éphémères.

Non, « sa royauté » lui vient de Dieu.  Ce titre a été obtenu au Golgotha, sur une croix.

Les royautés humaines vivent dans des palais somptueux.  En revanche, la royauté du Christ est sans argent, sans panache, pas même « une pierre où reposer sa tête. »

         Les royautés humaines ont besoin de se mettre en valeur en se faisant construire des mausolées prestigieux.  En revanche, la royauté du Christ n’a laissé qu’un seul monument : une croix dressée au sommet d’un calvaire.

         Les royautés humaines utilisent les médias pour se faire remarquer.  En revanche, la royauté du Christ est discrète, effacée.  Par exemple, après avoir accompli un miracle, il lui arrive de se retirer dans la montagne pour échapper à la foule qui veut le couronner.

         Les royautés humaines ont des armées, des gardes personnels, des services secrets.  En revanche, le Christ a comme gardes du corps 12 apôtres et quelques femmes.

         Les royautés humaines exercent un pouvoir et parfois en abusent pour se servir ou servir les amis.  En revanche, le Christ a demandé avant tout de servir, d’être solidaires de ceux qui sont rejetés.

         Les royautés humaines entendent bien se mettre au service de la vérité.  Mais elles doivent parfois accepter des compromissions, des arrangements.  Quant à la royauté du Christ, alors même qu’il joue sa vie devant Pilate, il rend témoignage à la vérité. »  Sa Vérité naît de son amour simultané envers Dieu et  envers les hommes.  C’est cela qui fait son originalité.  «Témoigner » est un mot très fort.  En grec, il signifie « aller jusqu’au martyre ».  Il y a une forte cohérence entre ce que le Christ a dit et ce qu’il a fait. 

         Je termine par trois réflexions :

1 :     Soyons fiers du Christ, le roi de l’amour !  La royauté du Christ est si grande qu’elle ne s’impose pas par la force mais suscite une adhésion libre de ses auditeurs.   Qui oserait rougir de suivre un tel roi ?
Par contre, combien de personnes ont été cruellement déçues de s’être aplatis devant Caligula, empereur de la Rome antique ou Ivan le terrible en Russie ?

.2 :     Régner à la manière du Christ, c’est servir.  A son exemple, il nous invite à épauler les personnes que nous rencontrons surtout quand elles sont dans le besoin.

3 :     Tous, nous possédons un certain pouvoir.  Demandons à l’Esprit-Saint d’exercer ce pouvoir en ayant toujours comme point de mire l’épanouissement de tous les hommes.  C’est cela rendre témoignage à la vérité.

Abbé Fernand STREBER

Prière Universelle

Chacun d’entre nous possède une part de vérité. Seigneur, donne-nous l’Esprit de Jésus, notre roi, pour que nous découvrions progressivement la vérité tout entière grâce aux personnes qui nous interpellent. Seigneur, nous te prions.

Le mot « vérité » est soumis aux fluctuations des modes et des idées. Pour que la personne de Jésus devienne la vérité de notre vie. Seigneur, nous te prions.

L’Eglise a comme mission de rendre témoignage à la vérité. Que le Christ, roi de l’amour fasse entendre, par elle, sa voix à ceux qui cherchent à donner du sens à leur vie et à celle du monde. Seigneur, nous te prions.

Le Christ a rendu témoignage à la vérité. Qu’il fasse grandir par nos mains la justice et la paix sur notre terre. Seigneur, nous te prions.

P’tit rawett’ : LES NOUVEAUX VETEMENTS DU ROI

Autrefois vivait paisiblement en un lointain pays, un Roi aimé et respecté de ses sujets. Or, ce Roi, qui était fort riche, dépensait tout l’or qu’il possédait à soigner sa mise. Aucun vêtement n’était trop beau pour lui. Les tissus les plus rares, les soies les plus fines, les cuirs les plus souples, les étoffes les plus riches paraient en tout temps le royal personnage. Seuls, les meilleurs tailleurs étaient admis à travailler dans les ateliers royaux.

Le Roi, cependant, se montrait toujours insatisfait de leur travail. Chaque fois qu’ils présentaient au Roi un nouveau costume, les tailleurs guettaient fébrilement le signe de son approbation. Hélas, celle-ci ne venait jamais. Et peu à peu, le palais s’encombrait de vêtements que la royale opinion avait jugés mal taillés, mal teints ou mal tissés.

Un mois avant de fêter son sacre, le Roi apprit que venaient d’arriver en sa bonne ville deux jeunes gens qui se disaient capables de tisser une étoffe tellement extraordinaire que personne jamais n’en avait vu de pareille. Les jeunes gens furent invités à se présenter au palais. Le Roi les reçut en sa salle du trône. En les entendant, il reprit espoir de se voir un jour vêtu comme il l’entendait.

– Majesté, lui dirent les deux jeunes gens, nous pourrions, pourvu que vous nous

donniez quelque argent, vous couper un costume d’une beauté telle que nul ne peut

l’imaginer. C’est, reprirent les deux compères, que l’étoffe dans laquelle nous allons le tailler possède un pouvoir extraordinaire: il n’est visible que par ceux qui ne sont point  sots.

Le Roi, très impatient de voir un tel vêtement, donna aux deux jeunes gens la moitié

de tout l’or qu’il possédait. Ceux-ci se mirent aussitôt à la tâche. Au bout de huit jours, le Roi, inquiet de l’avancement des travaux, dépêcha auprès des deux tisserands son plus sage et plus vieux conseiller.

Le conseiller, une fois rendu chez les jeunes gens, fut fort intrigué par leur manège: il les voyait bien tisser mais il ne voyait pas l’étoffe qu’ils tissaient.

  De retour au palais, pour ne pas paraître sot aux yeux du Roi, le conseiller n’eut pas assez de mots pour décrire la beauté et la qualité tout à fait extraordinaire du tissu que le

Roi avait commandé. Fort heureux de cette nouvelle, le Roi fit porter aux tisserands la moitié de l’or qui lui restait encore en ses coffres.

Le jour où le Roi allait fêter son sacre, les jeunes gens se présentèrent au château.

– Majesté, dirent-ils au Roi, nous sommes fiers, en ce jour magnifique, de vous présenter votre nouveau costume. Ainsi que vous le voyez, la coupe en est simple et fort belle.

     Le Roi, qui ne voyait rien du tout, se dit: « Si je ne vois pas le costume, c’est donc

que je suis sot! Point n’est besoin que d’autres le sachent ».

     S’emparant de l’imaginaire costume, les jeunes gens en revêtirent le Roi. Celui-ci,

pour ne point paraître sot, déclara alors :

– Enfin un vêtement digne d’un Roi tel que moi en une journée telle que celle-ci

Et le Roi, paradant dans sa nouvelle tenue, en montrait grand contentement.

C’est donc dans cet accoutrement que le Roi traversa le palais, puis se rendit à cheval et en cortège jusqu’aux portes de la ville. Dans la foule qui l’acclamait, pour ne pas paraître sot, tout le monde s’extasiait de la magnificence du costume royal. Arrivé aux portes de la ville, on fit silence pour écouter le discours royal. A ce moment précis, l’on entendit une petite voix cristalline d’un enfant de 5 ou 6 ans disant:

– Mais le Roi est nu ! Tous virent alors ce que leurs yeux s’étaient refusé de voir.

Précipitamment, l’on jeta une vieille couverture sur les épaules du Roi qui, cette fois,

ne trouva point à redire sur la coupe de son costume.

Conte hindou 

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