Trois amours auxquels nous invite la liturgie de dimanche pour être proche du Royaume, trois amours entrelacés comme ceux du Père, du Fils et de l’Esprit.
Fernand.
Le « commandement » d’amour.
Evangile – Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain » (Mc 12, 28b-34)
En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
Homélie
Vous savez comment est fabriquée une corde : c’est au minimum 3 fils d’une même grosseur tressés ensemble. Ainsi tressés, ces 3 fils obtiennent une force, une résistance à la traction 10 fois plus grande.
De même, l’Evangile nous montre que l’amour est constitué de 3 éléments en torsade qui, unis l’un à l’autre, décuplent leur puissance respective. Ces 3 fils sont : l’amour de Dieu, l’amour du prochain et l’amour de soi.
Il est en effet impossible de m’aimer moi-même si je ne me sens pas aimé des autres, si les personnes de mon entourage me renvoient continuellement une image négative de moi. Les exemples sont hélas trop nombreux d’enfants ou d’adultes qui n’ont qu’une piètre idée d’eux-mêmes parce que, dans leur première enfance et/ou dans leurs relations quotidiennes, ils sont sous-estimés, rejetés, déconsidérés.
En retour, quand ils en prennent pleinement conscience, ils exprimeront leur mépris pour autrui et pour la société, souvent de manière excessive ou, s’ils n’en ont pas les moyens, en se détruisant eux-mêmes.
Par contre celui qui est apprécié, reconnu à sa juste valeur puisera force, dynamisme et enthousiasme dans cette estime.
En retour, se sentant bien dans sa peau il ne jalousera pas les autres. Au contraire, il fera appel à eux, valorisant leurs compétences, leurs qualités et leur personnalité.
En résumé : pour s’aimer soi-même nous avons besoin de nous sentir aimés des autres et de le reconnaître. Réciproquement pour aimer l’autre, il faut s’aimer soi-même.
Et le 3ème fil c’est l’amour de Dieu.
Si l’amour du prochain est déjà d’une telle importance, le fait de se sentir aimé de Dieu peut bouleverser toute la vie, nous valoriser et nous donner des forces de vie car, quelles que soient nos fautes, nos erreurs, Dieu nous aime toujours.
Ceci est d’une importance capitale car, dorénavant nous pouvons croire qu’en tout être humain il y a quelque chose à aimer. Et si nous regardons notre prochain avec le même regard que Dieu, nous découvrirons un frère, une sœur dans le cœur de ce prochain.
Mais si Dieu nous aime de telle façon, cela nous incite à l’aimer à notre tour et à le remercier.
Ces 3 fils d’amour ainsi liés et tressés ne feront que renforcer notre puissance d’amour mais aussi notre résistance aux forces de mal et de mort.
Si nous restons seuls, livrés à nous-mêmes, nous sommes fragiles et vulnérables. En nous recevant l’un de l’autre nous décuplons notre bonheur.
N’est-ce pas aussi le même message que nous adressent ces trois personnages de l’icône de Roublev qui ne font qu’un seul et même amour : le Père, le Fils et le Saint Esprit.
P’tit’ rawett’ – AUTO-STOP
Il pleuvait à verse, mais j’étais heureux. Avant de partir, j’avais lu ma page d’évangile : la parabole du bon Samaritain. Et maintenant sur la grand-route, le moteur tournait rond, et je disais comme d’habitude mon chapelet avec une vraie joie intérieure.
Soudain, sur l’accotement de la chaussée détrempée, deux auto-stoppeurs : un garçon et une fille, crottés, la pluie entre les dents. Personne ne s’arrêtait, bien entendu. Allez mettre ça sur les coussins d’une voiture propre !
J’ai fait comme tout le monde.
C’est alors que s’est produit un phénomène que je ne saurais oublier : je ne pouvais plus dire mon chapelet. Je ne parvenais plus à reprendre le fil de ma prière. Impossible. Le contact était rompu.
Après cinq minutes, rendu à l’évidence, j’ai fait demi-tour. Ils étaient toujours là, avec leur pouce en l’air, leurs cheveux collés sur le visage. Je me suis souvenu de la vieille couverture dans le coffre qui pouvait limiter les dégâts.
Les tourtereaux mouillés n’en revenaient pas :
– N’est-ce pas vous, Monsieur, qui êtes passé il y a cinq minutes? Et vous êtes revenu exprès ? Pourquoi vous avez fait ça ?
Je leur ai dit la vérité : mon évangile, mon chapelet, et puis mon malaise insupportable. Au lieu de sourire, ils ouvraient de grands yeux.
Un des deux a dit :
– Eh bien, je ne savais pas que la religion, c’était ça…
Extrait de : Il était une foi, Ed. CRJC Liège ; disponible chez Fd Stréber