Amour….,toujours….
Lecture du livre de la Genèse
Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde. Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place. Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera : « femme » -Isha – ; elle qui fut tirée de l’homme – Ish.» À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 2-16
En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?» Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme, qui a renvoyé son mari, en épouse un autre, elle devient adultère. »
Homélie
Une fois tous les trois ans, nous célébrons la fête du mariage en dehors d’un mariage. Dans notre assemblée aujourd’hui, le Seigneur ne voudrait-il s’adresser qu’à ceux qui sont unis dans le sacrement de mariage? Non, évidemment. Ce texte est adressé à chacune et chacun d’entre nous: mariés, célibataires, veufs, séparés, en couple, consacrés, ordonnés. Mais le mariage est là pour nous aider à comprendre Dieu lui-même. la vocation du mariage c’est d’être un miroir de l’amour de Dieu.
Dans un premier temps regardons la première lecture extraite de la Genèse: « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » Nous sommes faits pour être en communion les uns avec les autres, pour vivre ensemble et pas dans la solitude. Et je pourrais dire que Dieu montre l’exemple. Dieu ne veut pas être seul. Il est une communion de personnes. Dieu est amour, disons-nous. Mais comment voulez-vous que Dieu puisse être amour s’il n’a personne à qui le donner et s’il n’a personne de qui le recevoir. Depuis toujours, le Père, le Fils et l’Esprit s’aiment d’un tendre amour: c’est la plus longue et la plus belle histoire d’amour de toute l’humanité.
Je ne peux pas être heureux tout seul, sur ma petite île déserte. Le plus souvent, les autres ne sont pas un empêchement à être heureux. Comme chrétien, nous pensons que le paradis, c’est d’être avec d’autres. Être seul et souhaiter le rester est un enfer.
Deuxièmement, quand un couple vit vraiment l’amour, il le partage: par la procréation, mais aussi par la porte ouverte aux autres. Cela aussi, c’est Dieu… Dieu aurait pu passer toute son éternité dans cette communion des trois personnes, mais cela lui est radicalement impossible: Dieu ne peut pas garder tout son amour pour lui tout seul. Cela déborde, comme une source qui n’arrête pas de jaillir. Alors, comme un couple a des enfants – charnels ou spirituels – Dieu a des enfants: chacune et chacun d’entre nous. Et Il nous fait entrer dans la joie de son amour.
C’est pour cela que l’eucharistie est un repas de noces. Chaque week-end, nous sommes invités ici à un repas de mariage: Dieu se marie avec nous et renouvelle son alliance chaque semaine. Quand on aime, il faut le célébrer souvent. Le rythme d’une fois par semaine est proposé aux chrétiens. Vous comprenez donc que la question de savoir si on doit aller à la messe toutes les semaines est une aberration, comme si les couples avaient l’obligation d’aller au resto pour fêter leur mariage. Si nous nous posons la question, c’est un signal d’alerte. Est-ce que je vis ma relation avec le Seigneur comme des noces?
Troisièmement, le sacrement du mariage nous redit la manière que Dieu utilise pour aimer chacune et chacun d’entre nous. Avec son cœur, son discernement et son corps. Un couple ne vit pas son amour uniquement intellectuellement. Le langage des corps a une grande place. L’amour que le Seigneur a pour nous est identique: cœur, esprit et corps. A la communion, je ne vous dirai pas: « voici l’esprit du Seigneur », mais bien: « voici le corps du Seigneur ». C’est sa chair, son être bien concret que je reçois: ce n’est pas une vue de l’esprit dans les nuages. Le prêtre embrasse l’autel au début et à la fin de chaque eucharistie. L’autel, c’est le Christ évidemment. Il embrasse le lectionnaire – encore le Christ, – comme un amoureux embrasse la lettre d’amour qu’il vient de recevoir de son amoureuse. Tous, durant l’eucharistie, nous nous embrassons au baiser de paix. Nous embrassons l’autre, mais aussi en même temps le Christ qui habite en lui. Nous ne sommes pas aimés par un esprit, mais par un être de chair. Depuis Noël et pour toujours, il y a un corps en Dieu, celui du Christ crucifié et ressuscité.
En résumé : Les trois idées développées ce jour :
1 Nous sommes faits pour vivre ensemble et pas dans la solitude éternelle
2 L’amour se partage par la procréation et par la porte ouverte aux autres.
3 Dieu embrasse chacune et chacun d’entre nous avec son cœur et avec son corps.
P’tit rawett’. La dernière Cène.
On raconte que Léonard de Vinci eut beaucoup de peine avant d’achever son œuvre célèbre « La dernière cène ». Il ne pouvait trouver un homme dont le profil eût quelque chose de divin.
Finalement, un jour, pendant qu’il assistait à la messe, son regard fut attiré par un jeune chantre à la physionomie pure et simple. Son « Jésus » était trouvé. Il lui demanda son nom. Il s’appelait Pierre Sandinelli.
Mais le tableau ne fut achevé que 10 ans plus tard parce que le peintre ne parvenait pas à trouver cette fois une figure d’homme dépravé qui pût lui servir pour représenter Judas. Enfin, un matin, il rencontra au coin de la place un ivrogne qui demandait l’aumône. Ce visage défiguré par l’alcool et les vices le frappa. Son » Judas » était trouvé. Il s’approcha de cet inconnu et lui demanda son nom. Celui-ci, d’ure voix rauque et hésitante lui répondit : « Pierre Sandinelli ».
Léonard de Vinci, entendant ce nom resta stupéfait. Celui qui allait lui fournir la figure de Judas était le même que celui qui, 10 ans plus tôt, lui avait servi à représenter Jésus.
Extrait de la plaquette : « Racontez-nous » 2° tome, André Vervier et Fernand STREBER 2022