L’Evangile de ce 19e dimanche ordinaire face à l’actualité !

« Lève-toi et mange ! ». C’est par ces mots que l’Ange de Dieu interpelle le prophète Elie complètement abattu, découragé, meurtri au point qu’il supplie Dieu de le rappeler à Lui : « C’en est trop, Seigneur ! Reprends ma vie ! ».

Étrange situation : là où l’Homme se retrouve au plus bas, comme anéanti, quasiment acculé à  ne plus se relever, Dieu, Lui, fait la démarche de venir à lui non pas seulement pour le réconforter ou le rassurer mais aussi pour lui donner les forces physiques indispensables qui vont le remettre debout : en effet, en plein désert, Elie découvre à côté de lui une cruche d’eau et une galette de pain…

Par deux fois l’Ange lui demande de l’écouter : « Lève-toi et mange car il est long le chemin qui te reste ! ».

Imaginez ce qui doit traverser l’esprit d’Elie : non seulement plus question de se rendormir pour oublier son désarroi et sa peine mais plus encore, on lui annonce que son chemin doit se poursuivre et qu’il sera long ! Or, ce chemin, il l’a déjà connu, vécu, subi : c’est celui de l’hostilité grandissante de la Reine Jézabel à son égard et il n’y a aucune raison que la situation puisse s’améliorer.

Mais cette fois, fortifié par la proximité de Dieu et rassasié par la nourriture reçue de Lui, Elie se lève et repart : plus question, pour lui, de renoncer à sa mission si ardue soit-elle mais il sait bien qu’il ne la remplira, avec courage et persévérance, que s’il s’abandonne à Dieu sans compter sur ses propres forces : voilà pourquoi il part aussitôt vers la montagne de l’Horeb pour se mettre en présence de Dieu.

Comment ne pas faire quelques rapprochements entre cet épisode du Livre des Rois et les événements vécus ces derniers jours… …

Mêler l’histoire d’Elie à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, serait-ce audacieux ou même malvenu ?

Et pourtant.

N’avons-nous pas été, nous aussi dépassés, écœurés, blessés par une situation que nous ne maîtrisions pas, à travers cette parodie sans équivoque de la Dernière Cène, source de l’Eucharistie qui est au cœur de notre foi ?
Une parodie retransmise dans le monde entier et dont l’absence totale de respect a heurté les chrétiens que nous sommes et même des croyants d’autres religions !

Et par-delà ce lamentable épisode, de façon plus générale, ne sommes-nous pas lassés à l’extrême de voir s’imposer de façon récurrente, dans les publicités et sur les réseaux sociaux, ce qui est laid, de mauvais goût, vulgaire, provocant ? Ne sommes-nous pas choqués et inquiets de voir constamment, nos enfants et nos jeunes confrontés malgré eux à des contre-valeurs qui saccagent leur âme aussi sûrement que la Reine Jézabel des temps anciens s’employait à saccager la vie du prophète Elie ?

Alors, comme Elie, nous pouvons être tentés de baisser les bras, de nous replier sur nous-mêmes, de nous taire par dépit, par lassitude ou par crainte.

Mais ce n’est pas cela que le Seigneur attend de nous : Il nous veut debout, fidèles et forts dans notre foi en Lui, confiants en son aide qui ne fait jamais défaut.

Quand Saint Paul exhorte les Éphésiens, et à travers eux, les communautés chrétiennes, à savoir pardonner, à rejeter l’amertume, la colère, les insultes, c’est rappeler qu’il faut nous comporter entre nous comme Jésus l’a fait Lui-même.

Quelle que soit l’adversité à laquelle nous devons faire face, il n’y a pas de place pour la violence verbale ou physique pas plus que pour la rancœur ou l’esprit de revanche. Attention, cela ne signifie pas pour autant que nous devions rester passifs, tout accepter, et ne pas faire entendre notre voix…

Car il y a des choses devant lesquelles nous ne pouvons pas rester silencieux ou indifférents, des situations où une tolérance biaisée par une fausse charité s’apparente à de la lâcheté. L’atteinte à Dieu Lui-même fait partie de ce qu’on ne peut admettre. Jamais.

Oui, nous avons le droit de dire : « C’en est trop ! Ça suffit ! On ne touche pas à Dieu, on ne caricature pas le Christ ! ».

Oui, il nous faut oser relever ce qui est indigne ou offensant, envers Dieu d’abord mais aussi  envers tout être humain. Il n’y a là ni esprit de polémique, ni violence, ni animosité, seulement la demande expresse d’un minimum de respect. Et parfois on peut être animé d’une saine colère du cœur semblable à celle qu’a exprimée Jésus devant les vendeurs du temple qui déshonoraient la Maison de son Père ou devant l’hypocrisie et la duplicité des Pharisiens.

« N’attristez pas le Saint- Esprit de Dieu qui vous a marqué de son sceau », nous dit Saint Paul.  Contrister l’Esprit-Saint c’est, entre autres, ne pas oser rendre témoignage à Dieu, tolérer qu’Il soit rabaissé, c’est aussi taire ou cacher ce sceau d’amour qu’Il imprime dans tout être humain. Même dans ceux qui se rient de Lui ou qui Le rejettent.

Combien de fois Jésus Lui-même n’a-t-Il pas été traité de tous les noms, combien de fois n’a-t-Il pas subi l’ironie, les critiques acerbes ! L’Évangile de ce jour en témoigne : la foule est fermée à sa Parole, elle se ligue contre Lui parce qu’Il a osé dire : « Je suis le Pain Vivant descendu du Ciel ».

Il est tellement plus facile de se moquer que d’essayer de comprendre !

Mais c’est dans ce Pain de Vie que se manifeste pleinement son Amour, c’est ce Pain Vivant qui nous est aussi indispensable que la nourriture matérielle…

« Qui mange de ce Pain vivra éternellement »

Puissions-nous comprendre toujours plus l’importance et la richesse de ce don de Lui-même que nous fait le Seigneur !

Puisse le monde se laisser toucher par Celui dont l’Amour peut le combler !

En ce jour de clôture de ce grand événement que sont les Jeux Olympiques, nous pouvons espérer qu’une perspective plus digne et plus sereine soit privilégiée.

Car si on peut rire de tout, si on peut rire de nous, on ne rit pas de Dieu.

On ne se rit pas de Lui.

Edith JACQUES-de VOGHEL

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