Homélie 19ème dimanche temps ordinaire Année B – Abbé Fernand Stréber

« Le  pain qu’on appelait autrefois « le pain des anges », c’est le pain qu’un ange, une âme généreuse dépose près de nous comme un cadeau lorsque nous sommes découragés, lorsque nous sommes dans une zone d’ombre. C’est le pain qui nous fera nous lever, nous rendra l’espérance, nous ressuscitera à la vie et nous aidera à poursuivre la route, entraînant d’autres avec nous. » Abbé Fernand Stréber

Nous ne pouvons pas vivre sans Eucharistie
Lecture du premier livre des Rois 19, 4-8

En ce temps-là, le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert.  Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit.  Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange !» Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau.  Il mangea, il but, et se rendormit.  Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but.  Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 41-51

En ce temps-là, les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : ‘Je suis descendu du ciel’ ? » Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Homélie

Les lectures bibliques d’aujourd’hui partent de deux besoins vitaux : manger et boire.

Dans la première lecture, la galette et la cruche d’eau rendent le moral à Elie, lui, le prophète découragé.

Dans l’évangile de Jean, Jésus se présente comme étant le Pain de vie.

Dans ces deux lectures comme en bien d’autres endroits de la bible, Dieu et Jésus donnent un sens inédit à des réalités quotidiennes et familières tels le pain, l’eau et le vin.

Dans le signe de la galette et de la cruche d’eau raconté dans la 1° lecture, Elie sent la présence agissante de Dieu en lui.  Il reprend courage et poursuit sa mission.

Le jour avant sa mort, Jésus utilise le pain et le vin pour signifier tout l’amour que Dieu et lui ont pour ses apôtres.  Il les invite à communier à cet amour et à le propager.

Devant cette largesse de Dieu, deux attitudes ont été adoptées dans les textes bibliques d’aujourd’hui :

* 1° attitude :celle des opposants au Christ qui récriminent contre lui par manque de foi et qui disent que cet homme étant le fils de Joseph et de Marie ne peut être le fils de Dieu. (Cette attitude a été la même quand des gens de Nazareth et de la famille de Jésus sont venus l’interpeler parce que Jésus enseigne avec autorité.)

* 2° attitude : celle du prophète Elie qui discerne dans la cruche d’eau et dans la galette un signe de la présence de Dieu.  Alors, Elie reprend courage, lui qui en était venu à souhaiter mourir.

Ces deux attitudes ne sont-elles pas parfois présentes conjointement en nous ?

Pour goûter au sens profond du texte évangélique il est utile de le resituer dans son contexte que je résume en 4 points :

  • Ce texte fait partie du long discours sur le Pain de Vie que Saint Jean met dans la bouche du Christ après la multiplication et le partage des pains et des poissons.
  • Plus de cinq mille hommes ont été rassasiés sans compter les femmes et les enfants.
  • Après ce signe, Jésus a quitté les bords du lac. Des Galiléens sont partis à la recherche de cet organisateur de pique-nique mémorable.
  • Un dialogue s’est amorcé entre Jésus et la foule. Ces gens se sont déplacés pour le voir et l’écouter.

En lisant l’évangile d’aujourd’hui, je repère 4 atouts principaux pour vivre pleinement :

  • écouter les enseignements de Dieu (v 45),
  • croire en Jésus, (v 46)
  • manger le pain de vie (v 50)
  • et croire que le pain que Jésus donne c’est sa chair autrement dit sa condition humaine avec ses atouts et ses faiblesses. (v 51)

En guise d’illustration de ce discours du Christ concernant le Pain de Vie, voici une page de l’histoire de l’Eglise.  Les faits se déroulent en l’an 304, au cours des persécutions contre les chrétiens à Abitène, une ville de l’actuelle Tunisie.

Quarante-neuf personnes furent arrêtées et martyrisées pour avoir célébré la messe le dimanche.  Parmi eux, le prêtre Saturnin.

Le proconsul interroge les prévenus : « Qui était responsable de cette assemblée ? »

L’assemblée lui répond : `Le prêtre Saturnin et nous tous. »

Le juge enchaîne :

« Reconnaissez-vous vous être rendus à ce rassemblement ? »

Tous déclarent qu’ils y ont participé.

Le juge demande au prêtre Saturnin s’il était le chef et s’il les a lui-même rassemblés.

« Oui, répond le prêtre, j’étais à l’assemblée. »

Mais l’homme – chez qui l’assemblée s’est tenue – conteste :

-« C’est moi le responsable, c’est dans ma maison que les assemblées se sont tenues. »

Le proconsul le fait avancer :

« C’est dans ta maison que les assemblées se sont tenues contre les édits de l’Empereur ? »

– « Oui, c’est chez moi que nous avons célébré le jour du Seigneur. »

 – « Pourquoi les laissais-tu entrer ? »

 – « Parce qu’ils sont mes frères et que je ne pouvais les empêcher.

 -« Tu aurais dû les empêcher. »

 – « Je ne pouvais pas, parce que nous ne pouvons pas vivre sans Eucharistie. »

 Il y a deux choses merveilleuses dans ce procès.

La première, c’est le sens de la responsabilité commune des fidèles et du prêtre.

La seconde, c’est leur sens de l’Eucharistie. « Nous ne pouvons pas vivre sans l’Eucharistie. » disent-ils.

3 souhaits :
1       Que le pain et le vin eucharistiques soient notre nourriture consistante alimentant la graine de chrétien déposée en nous le jour de notre baptême.

2       Que le repas du Seigneur et sa Parole (l’eucharistie) continuent à bouleverser notre vie.

3       Qu’à l’image du prophète Elie, nous nous levions et acceptions d’être à notre tour source à laquelle d’autres personnes aussi peuvent venir puiser.

Abbé Stréber Fernand

Prière universelle

Le prêtre : Elargissons notre cœur et notre prière aux dimensions du monde dont Dieu veut combler la faim matérielle et spirituelle.

  1. Pour ceux qui vivent, cet été, une retraite spirituelle
    et désirent approfondir le sens de l’eucharistie.
    Qu’ils se laissent instruire par Dieu lui-même, Prions Jésus, Pain de vie.
  2.  Pour les personnes découragées qui ne communient pas et pour les communautés chrétiennes sans prêtre. Qu’elles se sentent soutenues par l’Eglise, Prions Jésus, Pain de vie.
  3.  Pour les enfants qui vivent leur camp annuel de vacances aidés par les animateur-trice-s des mouvements de jeunesse.  Qu’en marchant, ils découvrent la richesse de la vie en collectivité, Prions Jésus, Pain de vie.
  4. Pour ceux qui doutent. Pour que nous sachions partager avec eux notre joie de croire et de vivre de la vie même du Seigneur. Prions Jésus, Pain de vie.

Célébrant : Seigneur, en Jésus, tu nous donnes le pain de la Vie. Puisque nous bénéficions de tes largesses, apprends-nous à t’en rendre grâce. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

P’tit rawett – LE BOL DE SOUPE

Dans un restaurant self-service, une honorable dame de 75 ans choisit un bol de soupe et va s’installer à une table.

« Flut’ ! » se dit-elle, « j’ai oublié le morceau de pain ». Elle se lève, prend son pain, retourne à sa place… et trouve un homme attablé devant sa soupe. Et qui est même en train de la boire!

« Alors ça », se dit-elle, « c’est la meilleure. Mais c’est sans doute un pauvre homme. Je ne lui ferai pas de remarque, mais tout de même, je ne vais pas me laisser complètement faire… »

Elle s’empare d’une cuillère, s’assied en face du monsieur et, sans dire un mot, pioche également dans le bol de soupe. Et l’homme et la femme soupent ensemble, à tour de rôle, et en silence.

Puis l’homme se lève… Il va chercher une confortable assiette de spaghetti à la bolognaise, et la dispose devant la gentille dame, avec deux fourchettes.  Et ils mangent tous les deux, toujours en silence et à tour de rôle. Enfin ils se quittent.

– « Au revoir », dit la dame paisiblement.

– « Au revoir », répond le monsieur avec une douce lueur dans les yeux.

Il donne l’impression d’un homme qui est heureux d’avoir aidé son prochain.

Il s’en va donc, et la dame le suit des yeux.  Du même coup, elle voit sur la table

d’à côté… un bol de soupe qui semblait avoir été oublié.

Largement inspiré de la revue « Direct » n° 115, oct. Nov. 1987

Repris dans  « Il était une foi » tome 1, éd. CRJC Liège, juin 1996

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