Homélie – 18ème dimanche temps ordinaire Année B – Abbé Fernand Stréber

Évangile – « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6, 24-35)

En ce temps-là quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.  L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?» Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ?  Quelle œuvre vas-tu faire ?  Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.  Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie.  Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif ».

Homélie

Pour bien goûter au sens profond du texte évangélique de ce week-end, il est utile de le resituer dans son contexte que je décris en 4 points :

  • Ce texte fait partie du long discours sur le Pain de Vie que Saint Jean met dans la bouche du Christ après un miracle.
  • Jésus vient de multiplier les pains et une foule de plus de 5000 hommes a été rassasiée.(Les femmes et les enfants n’ont pas été comptabilisés)
  • Après ce signe, Jésus quitte les bords du lac . Les Galiléens partent à la recherche de cet organisateur de pique-nique mémorable.  Ils n’ont pas compris le sens profond du miracle de la multiplication des pains.
  • Un dialogue s’organise entre Jésus et la foule autrement dit entre Jésus et des gens venus occasionnellement pour le voir et l’entendre.

Les gens qui ont cherché Jésus après la multiplication des pains sont intéressés par quelqu’un qui rassasie l’estomac, qui satisfait à bon compte les besoins premiers de l’être humain: manger et boire.

Jésus, quant à lui, est venu pour rassasier le cœur de l’Homme.  Il l’invite à « travailler » (pour reprendre le mot de l’évangile) pour rechercher une nourriture dont les effets dureront.

Jésus élève le débat en invitant son auditoire à dépasser ses désirs terre à terre pour atteindre ses désirs profonds, intérieurs.

Les désirs terre à terre correspondent aux besoins primaires : respirer, manger, boire, dormir, entretenir sa santé, acquérir sans cesse de nouveaux biens de consommation influencés par la publicité.

Les besoins primaires satisfont notre corps.  Certains d’entre eux procurent des plaisirs passagers notamment certaines addictions.

Les désirs intérieurs c’est par exemple :se mobiliser pour créer puis entretenir du beau et du bon en se respectant soi-même, en respectant l’autre et la nature.

Quelques moyens pour y parvenir :l’écoute attentive, la lecture, l’écriture, le chant, les instruments de musique, la danse, l’art, la poésie, bref la recherche de toutes formes de fécondité.  La personne cherchant à atteindre le stade du désir intérieur choisit de relever en permanence des défis nouveaux et à sortir de sa zone de confort.

Le désir intérieur satisfait notre cœur et contribue à construire notre bonheur et celui d’autres personnes.  Le désir intérieur contribue à créer la paix intérieure, l’harmonie entre mon corps et mon psychique, l’harmonie entre moi et d’autres personnes.

La personne qui cherche à accéder au stade du désir intérieur cherche non pas à avoir toujours plus mais à être toujours plus, à devenir toujours plus riche spirituellement.

Le texte évangélique lu aujourd’hui nous invite à nous poser une question essentielle :  Cherchons-nous seulement à nourrir notre corps ou choisissons-nous aussi de nourrir notre cœur ? En effet, tout ne nourrit pas de la même manière.

Avons-nous comme unique souci l’assouvissement de besoins matériels ou choisissons-nous aussi à construire de nouvelles relations de tendresse, d’amitié, d’amour, de développer notre relation à Dieu ?

« Je suis le pain de vie » dit Jésus.  
* Il est le pain pour ceux qui marchent et non pour ceux qui s’arrêtent.

*Il est le pain que l’on partage et non pas un pain que l’on garde.

*Il est le pain de ceux qui cherchent et non de ceux qui possèdent.

*Il est le pain qui n’appartient à personne, sinon à Dieu lui-même.

*Il est le pain qui comble une autre faim de l’homme et de la femme.

Mais comment aurons-nous encore faim de ce pain-là si notre seul souhait est de ne plus avoir faim de rien. ni de personne ?

Bref pour reprendre une expression de l’Evangile, Jésus nous invite à « travailler pour une nourriture qui se garde jusqu’à l’éternité, », une nourriture étant source de vie.  Le pain eucharistique que nous choisirons de recevoir tout à l’heure nous y aidera.

Merci Seigneur de nous orienter vers des désirs qui conduisent au bonheur.

PRIÉRE UNIVERSELLE

Célébrant : Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. » Que ce cri de la foule soit aujourd’hui notre cri: pour l’Eglise, pour le monde et pour nous-mêmes.

  1. Les immenses besoins matériels des êtres humains et des peuples du Tiers-Monde risquent de nous cacher leur faim de dignité Demandons à Dieu de nous rendre aussi attentifs à combler cette faim. Seigneur, nous te prions.
  2. Autour de nous, les agriculteurs s’affairent aux travaux des champs. Demandons à Dieu l’ouverture d’esprit pour soutenir ceux dont le travail comble la faim des hommes et que la terre rapporte aux paysans la juste rémunération de leurs efforts. Seigneur, nous te prions.
  3.  En ce mois, plusieurs enfants et jeunes vivent leur camp annuel Demandons à Dieu de les protéger et de les aider à être attentifs aux valeurs contenues dans l’Evangile. Seigneur, nous te prions.
  4.  L’Evangile proclamé aujourd’hui nous invite à approfondir notre foi en l’Eucharistie pendant laquelle nous avons l’occasion de partager le pain de vie. Demandons à Dieu la force d’y croire intensément car lui seul est notre force. Seigneur, nous te prions.
  5.  A l’occasion des jeux olympiques prions pour les athlètes et tous ceux qui sont engagés dans le sport avec toutes les valeurs de l’olympisme. Que cet événement mondial favorise l’entente entre les peuples et révèle la grandeur de l’homme. Seigneur, nous te prions.

Célébrant : Dieu notre Père donne à chaque personne la nourriture d’amour dont elle a besoin, Toi le Vivant pour les s. des s.

P’tit rawett’ – FLEURS offertes, signe d’une présence

Regardons un bouquet de fleurs.

            Au premier regard, il n’y a que des végétaux dont on peut dire le poids, la taille, le nom ; des fleurs qui peuvent servir à garnir.

            Mais allons plus loin : un mari s’en va au loin pour une assez longue absence professionnelle.

            Avant de partir pour quinze jours, il offre un bouquet de fleurs à son épouse.  L’intention du mari n’est pas seulement d’offrir des fleurs pour égayer la maison, ce serait un peu court mais il va expliquer sans doute qu’il est triste de partir et qu’il veut rester proche de sa femme, et qu’il souhaite que quelque chose de sa présence demeure dans la maison.

            Voilà donc que ces fleurs changent de nature, elles ne sont plus seulement de simples végétaux, mais le support sensible d’une présence que le mari veut réelle et que la femme ressentira de la même manière.

            Grâce à ce que le mari a partagé à sa femme, les fleurs offertes vont continuer à rendre le mari présent d’une manière symbolique mais réelle.

            C’est symbolique car les fleurs ne remplacent pas le mari et pourtant elles le rendent réellement présent. C’est vrai, ces fleurs ne sont pas seulement une tache de couleur dans le salon mais elles vont être dans le vase comme la mémoire de la fidélité du mari qui voulait continuer à être symboliquement présent dans le foyer.

            Ces fleurs vont être tout le temps comme un rappel de cette volonté du mari de rester proche de son foyer.

CHARLIER, OP, in Eucharistie, Collection « Cahiers de la Parole » n° 9, Maison St Dominique, Bruxelles, 1986, pp. 64-65

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