Homélie 14ème dimanche temps ordinaire Année B – Abbé Fernand Stréber

Évangile « Un prophète n’est méprisé que dans son pays » (Mc 6, 1-6)

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine,  et ses disciples le suivirent.  Le jour du sabbat,  il se mit à enseigner dans la synagogue.  De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient :  « D’où cela lui vient-il ?  Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?  N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie,  et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Homélie

Dans une petite ville française, un prêtre exerce le métier de facteur.  Un jour, il a célébré un enterrement.  A la sortie du cimetière, un aîné murmura à l’un de ses amis :  » C’est incroyable ! Les curés ne veulent plus rien faire ! Voilà maintenant qu’ils font enterrer les morts par le facteur ! « 

L’interlocuteur répliqua.  « Mais pas du tout, c’est un prêtre » ».

 » Allons donc ‑ reprend l’aîné ‑ je vous assure que c’est le facteur, il vient m’apporter le journal tous les matins et d’ailleurs, il est très sympathique. « 

Jésus n’était pas facteur.  Il était charpentier : Un bien beau métier !

Voilà qu’un jour ; le charpentier prend la parole devant l’assemblée en prière à la synagogue de son village : Nazareth. ! Il n’avait pas fait d’études particulières.  En tous cas il n’avait pas reçu la formation officielle des scribes.  Beaucoup de personnes ont entendu parler de ses prédications Il parle avec sagesse.  Ce qu’il dit sonne juste.  D’où cela lui vient‑il donc ?

La hiérarchie religieuse juive a désigné des gens pour faire ce boulot-là.  Par exemple les scribes qui avaient étudié la bible, mais certainement pas les charpentiers. 
Il y avait aussi les pharisiens, qui donnaient le bon exemple.  Eux pouvaient faire la morale.  Mais certainement pas le fils de Joseph.  Ce n’est quand même qu’un charpentier. 
Il y avait aussi le grand prêtre qui était nommé.

Et tous, scribes, pharisiens grand prêtre s’inquiètent de voir un simple charpentier passer au‑dessus de leurs têtes pour aller vers les gens surtout les petits et même les pécheurs.  Et les officiels sont choqués.  Ici, dans son pays on sait bien que Jésus n’est pas prophète.  Tout le monde le connaît.  C’est un homme ordinaire.  Il nous ressemble, il est des nôtres.  On connaît bien ses cousins, ses amis, ses origines.  S’il est comme nous, pourquoi prend-il la parole à la synagogue ?

Pourquoi le facteur célèbre-t-il des funérailles dans le village où il distribue les gazettes ?

Ainsi, Jésus rate son passage à Nazareth.  Eh oui, c’est bien d’un échec dont il s’agit ici.  Son message ne passe pas parce que les autorités religieuses locales l’ont enfermé dans son passé et l’ont figé sous une étiquette, dans un statut dont ils l’empêchent de sortir. : C’est un charpentier.  Point à la ligne.

Cette manière de faire étouffe le présent et l’avenir du Christ dans son village.  Devant cela il est impuissant, il ne sait rien faire.

Celui qu’on a vu chasser les démons, triompher de la maladie et de la mort, le voici maintenant, désemparé face au manque de foi de ses compatriotes.

Pourquoi Marc a-t-il rapporté cet épisode qui n’est glorieux ni pour Jésus ni pour les siens ?  Tout simplement pour nous dire que Jésus, homme et Dieu à part entière, est impuissant devant l’incrédulité de ses auditeurs.  S’ils ne croient pas, s’ils ont des préjugés, Dieu a beau faire ce qu’il veut, son message ne passera pas.  Cela ne se vérifie-t-il pas encore aujourd’hui ?

Il y a aussi, me semble-t-il, une deuxième raison pour laquelle Marc nous rapporte cet épisode :  Pour nous faire prendre conscience que Jésus – que nous croyons parfois trop bien connaître – surprendra toujours celui et celle qui veut l’écouter.

Laissons-nous surprendre par la nouveauté du Christ que nous découvrons dans l’Evangile, bonne nouvelle et que nous découvrons aussi dans ses auditeurs d’aujourd’hui.  L’Esprit nous parle à travers eux.  Sinon nous risquons fort d’être gagné par la routine liturgique, l’habitude religieuse tout comme les Juifs rassemblés dans la synagogue de Nazareth le jour où Jésus y est passé.

Puissions-nous avoir la simplicité d’apprécier et de féliciter celles et ceux qui nous entourent pour ce qu’ils réussissent et font de bien.

Et que tous, stimulés par nos proches, nous puissions réaliser des prodiges.

Abbé STREBER Fd.

P’tit’ rawett’ – UN HOMME SI SÛR DE LUI

Il y avait un jour un homme très fier de son intelligence et donc très désireux d’en faire étalage. Il allait de-ci, de-là donner des réponses à tout un chacun, même quand il n’y avait pas de question. Son exercice préféré était de démontrer que Dieu n’existe pas.

Un jour, il rencontre un enfant au regard paisible.

« Je te donne une pièce d’argent si tu me dis où est Dieu ».

« Et moi, dit l’enfant, je te donne deux pièces d’argent si tu me dis où il n’est pas ».

Pierre Paul DELVAUX

Il était une foi (tome 2 n° 64) CRJC Liège, 2000

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