Homélie – 10ème dimanche temps ordinaire (année B) – Abbé Fernand Stréber

Pas évident d’aborder simplement le thème proposé par la liturgie pour ce W-E sans culpabiliser et en invitant chacun-e à vivre comme personne responsable, pardonnée par Dieu qui nous aime.

Fernand

LE PÊCHÉ….qu’est ce que c’est ?
Évangile – « C’en est fini de Satan » (Mc 3, 20-35)

En ce temps-là,   Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. » Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. » Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu,
celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

Homélie

Dans l’ordinaire d’une messe autrement dit dans les paroles qui reviennent d’office à chaque messe, si le célébrant proclame littéralement toutes les rubriques du missel romain , les notions de « péché », de  pécheur » reviennent à 15 reprises.

Le péché : voilà un mot  qui, à peine prononcé, soulève une multitude de problématiques.  Par exemple :

  • Comment vous rejoindre vous qui avez renoncé depuis longtemps à recevoir le sacrement du pardon?  « Je veux bien me reconnaître pécheur, – dites-vous – mais je n’arrive pas à dire quels sont mes péchés. » ?
  • Comment vous rejoindre vous qui vous culpabilisez sans cesse en disant : « Qui me délivrera de cette culpabilité que je traîne comme un boulet ?
  • Et vous qui vivez tellement tranquille que vous vous dites : « je ne fais de mal à personne. Je ne fais pas de péché. 

Et pourtant, j’aimerais vous rejoindre en abordant simplement ce thème qui m’a été inspiré par l’évangile d’aujourd’hui.

7 approches trop brèves:

1       Le principal péché c’est de dire qu’il n’y en a pas.
Je n’ignore rien de tous les conditionnements qui atténuent notre liberté,
à tel point que nous sommes tentés de dire : « Qu’est-ce qui me reste de liberté ? »  
Eh bien ! c’est avec ce qui me reste de liberté que je peux pécher comme c’est avec ce qui me reste de liberté que j’ai un jour choisi de devenir prêtre.  C’est aussi avec ma liberté que je choisis des initiatives de solidarité à prendre.

Je ne suis pas une marionnette.
C’est pourquoi j’affirme : « Il y a pire que de faire le mal, c’est de le commettre en prétendant que ça n’est rien ou que ce n’est pas de ma faute. 
Cette manière de faire appartient à l’attitude du déni.

2       Le péché, c’est la distance entre notre vie et l’Evangile.  Cette distance existera toujours.  C’est pourquoi, je suis pécheur.  La conversion, ce sont les pas que je fais pour tenter de réduire cette distance.

3       Les meilleurs mots pour désigner le péché ce sont :manquer son but, rater sa cible.  Commettre un péché, c’est se tromper de bonheur.

4       Le péché, si je veux savoir ce que c’est, j’ouvre le journal ou je regarde la TV ! Oui, il y a du mal dans le monde et en nous-mêmes.  Il y a de la violence, tout ce que l’on ne voudrait pas faire et que l’on fait; tout ce que l’on voudrait faire et que l’on ne fait pas. L’énigme du mal est née en même temps que l’humanité.  C’est pourquoi, je pense qu’il existe deux types de péchés : le péché individuel et le péché collectif.

5       Le péché c’est tout ce qui blesse l’humanité.  le péché abîme les hommes.  Et c’est pour cela qu’il est une offense à Dieu.  Car, tout ce qui défigure l’être humain atteint Dieu.  Tout ce qui abîme les hommes et les femmes atteint aussi le Christ.  « Ce que vous avez fait… ou ce que vous n’avez pas fait au plus petit… c’est  à moi  que vous l’avez fait, .. à moi que vous l’avez refusé  (Mt 25)

6       La mort qu’engendre le péché, ce n’est pas la mort physique, mais tout ce qui tue en nous le souffle.

7       Si la violence habite l’humanité depuis ses origines et que nul·le n’en est épargné·e, Je crois qu’un homme -Jésus – , fils de Dieu a brisé le cercle infernal de la violence, parce qu’il est allé jusqu’au bout de l’amour et que la vie qui va jusqu’au bout de l’amour est plus forte que toutes les violences, plus forte que la mort elle-même.  C’est le cœur de ma foi.

Pour entendre ce message, il faut juste retirer de nos oreilles ces discours culpabilisants hérités du passé.  Alors, nous pourrons entendre le murmure de cette voix qui nous dit que Dieu est amour et qu’il pardonne.

Un petit clin d’œil pour terminer.  Si les mots « péché », « pêcheur » reviennent 15 fois dans l’ordinaire de la messe,  le mot « pardon » –  qui me parait pourtant aussi essentiel – revient deux fois :dans la conclusion du kyrie et dans le Notre Père.

Si nous n’y prenons garde, en ce jour d’élections, nous nous attarderons sur tout ce qui ne va pas en nous, dans notre région, dans notre pays et dans l’Europe alors qu’il y existe aussi tant de belles choses.  Il y en aura encore bien plus à l’avenir si prenons conscience de notre péché individuel et collectif et surtout de la miséricorde de Dieu.

Abbé STREBER Fernand

P’tit rawett – LE FIL À NOEUDS

Un vieux rabbin racontait: « Chacun de nous est relié à Dieu par un fil. Et lorsqu’on commet une faute, le fil est cassé.

Mais lorsqu’on regrette sa faute, Dieu fait un nœud au fil.

Du coup, le fil est plus court qu’avant.  Et le pécheur est un peu plus près de Dieu!

Ainsi, de faute en repentir, de nœud en nœud, nous nous rapprochons de Dieu.

Finalement chacun de nos péchés est l’occasion de raccourcir d’un cran la corde à nœuds et d’arriver plus vite près du cœur de Dieu.

Tout est grâce! Même les péchés. »

VERNETTE, Jean, Paraboles pour aujourd’hui, Droguet et Ardent, Limoges 1991, p. 114

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