Dieu, tu es le Père qui nous donne vie.
Tu nous entoures d’une bonté dont la force est sans limite.
Christ, tu es le fils et le frère qui devance nos pas.
Tu es le ressuscité que nous sommes appelés à devenir.
Esprit, tu es le souffle qui ne nous manque jamais,
la respiration du Père en nous.
Abbé Fernand Stréber
Évangile – « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28, 16-20)
En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Homélie
Tous (ou presque) nous avons été baptisés. Le baptême se donne au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. (Voir l’évangile de ce jour. :Mt 28,19)
Qui est donc ce Dieu unique au triple nom, différent des multiples divinités grecques, romaines, égyptiennes et autres adorées dans le monde au temps de Jésus et connues par lui ? Depuis toujours les hommes ont tenté de percer ce mystère ! Pour apporter une réponse à cette question suggérée par la liturgie d’aujourd’hui j’ouvre la bible. Dans le premier chapitre de la Genèse (le 1° livre) je découvre que Dieu nous a créés à son image et selon sa ressemblance. Alors, en toute logique cela signifie que nous reproduisons les caractéristiques essentielles de Dieu ! Il suffit donc de nous regarder nous-mêmes. Je propose donc de partir de nous, de notre expérience pour mieux comprendre qui est ce Dieu unique en 3 personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Nous sommes tous « père » ou mère: car nous exerçons une « paternité » ou une « maternité ». Nous sommes créateurs. Cela veut dire que nous sommes tous à l’origine de quelque-chose. Nous sommes « source » de quelque chose. Ainsi, par exemple, un tout petit enfant peut déjà être source quand il commence à mettre ses cubes les uns sur les autres ou à réussir un beau pâté de sable à la plage. En grandissant il deviendra de plus en plus père ou mère, dans la mesure où il saura donner davantage de sa personne, par exemple via l’art quel qu’il soit, l’écriture, etc… Nous sommes aussi « père » ou « mère » chaque fois que nous stimulons des personnes à devenir de plus en plus source, créateurs à leur tour. Cette manière d’aborder la paternité va donc bien au-delà de l’acte physique qui donne vie à un enfant. Celui ou celle qui se limite à cet acte sera plutôt appelé « géniteur » ou « génitrice ».
Nous sommes tous « fils » ou « fille » car tou-te-s, nous recevons. Nous sommes tous fondamentalement réceptifs. Être fils ou fille c’est recevoir la vie, être dépendant, c’est reconnaître que nous existons via quelqu’un d’autre. C’est vrai pour le bébé qui tête le sein de sa mère. C’est vrai pour l’enfant qui va à l’école, mais c’est encore vrai pour l’homme, père de famille, ouvrier, chef d’entreprise, …. Il reçoit encore et toujours, de son épouse, de ses enfants, de ses amis, collègues ou collaborateurs et réciproquement.
La filiation est donc constitutive de l’être humain. Chacun-e, nous pouvons nous percevoir entièrement comme « fils » ou « fille » !
Nous sommes aussi « esprit »
En effet nous n’avons pas seulement des relations de « don » ou de « réception ». Nous vivons aussi des relations d’échange, de réciprocité dans un va et vient de dialogue, de communication, d’amour.
En ce sens nous sommes comme le souffle de la respiration. Le mot « Esprit » signifie d’ailleurs « souffle ».
La respiration comporte un double mouvement d’inspiration et d’expiration, de réception et de don.
L’amour est ainsi partage et réciprocité, échange permanent.
Dieu que nous honorons cet après-midi est à la fois :
–Père car il est créateur, don de vie et il en est heureux.
–Fils car il reçoit la vie et en goûte
–Esprit car il échange dans un va-et-vient permanent dont il jouit.
Il est donc relation.
Une observation du chemin parcouru par l’eau m’aide aussi à comprendre la trinité.
La nappe phréatique, la source souterraine me fait penser au Père.
Elle est invisible.
La fontaine située à la sortie de la source me fait penser au Fils.
Elle rend la source visible.
Le ruisseau me fait penser à l’Esprit-Saint. Il coule jusqu’à nous.
Ils sont à la fois 3 et 1 comme l’eau qui a le même goût à la source, dans la fontaine et dans le ruisseau.
Ainsi, tous, nous sommes appelés à reproduire le mystère de la Trinité au cœur même de nos relations les plus quotidiennes.
Ce regard porté sur moi-même m’éclaire dans ce mystère d’un Dieu en trois personnes. J’espère qu’il en est de même pour vous.
Fd Stréber
P’tit rawett : L’HISTOIRE DES DEUX HOMMES QUI ONT VU DIEU
J’ai rencontré un jour en Polynésie deux hommes qui ont vu Dieu. J’étais dans un village depuis déjà quelques jours et bavardant avec un vieux, il me montre deux hommes et me dit: « Vous voyez ces deux là-bas, ce sont de très, très bons amis, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Autrefois, ils étaient tout le temps en guerre. Tout était une occasion de querelle. La vie devenait insupportable pour l’un comme pour l’autre, mais aussi pour tout le village ».
Un jour quelques anciens disent à l’un de ces deux hommes:
« La seule solution, maintenant que tout a été essayé, c’est que tu ailles voir Dieu ».
«Je veux bien, dit l’autre, mais où?»
Rien de plus simple, il suffit que tu montes là-haut sur la montagne et là, tu verras Dieu ».
Et le voilà parti sans trop hésiter à la rencontre de Dieu.
Après plusieurs jours de marche et d’effort, il découvre Dieu qui était là et qui l’attendait. Il avait beau se frotter les yeux, il n’y avait aucun doute, Dieu avait le visage de son voisin. Ce que Dieu lui a dit, personne ne le sait. En tout cas, de retour au village ce n’était plus le même homme.
Mais malgré sa gentillesse, sa volonté de se réconcilier avec son voisin, tout allait toujours mal car l’autre redoublait d’imagination pour inventer de nouvelles querelles.
Les anciens se dirent entre eux: « Lui aussi, il faut qu’il monte voir Dieu ». Bien que très réticent, ils réussirent à le persuader.
Et là aussi, sur la montagne, Dieu avait le visage de son voisin… De ce jour, tout a changé et la paix a régné dans le village.
Jn-Michel Di Falco