Homélie – 4ème dimanche ordinaire Année B – Abbé Fernand Stréber

Chasser les démons d’aujourd’hui
ÉVANGILE« Il enseignait en homme qui a autorité » (Mc 1, 21-28)

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout,  dans toute la région de la Galilée.

Homélie

Recourir au médecin lorsque nous sommes malades est devenu tellement normal que nous voilà tout surpris lorsque nous entendons un récit de guérison sans passer par le médecin.

Si, au contraire, nous voulons à tout prix garder le merveilleux et l’extraordinaire des Evangiles, nous pourrions dire que le Christ devait absolument faire des miracles pour accréditer sa mission divine auprès de ses contemporains.

Je vous invite à dépasser ces querelles futiles du « pour » ou du « contre » la possibilité des miracles, en vue d’essayer d’en découvrir le sens.

 Les évangélistes, en nous parlant de personnes tourmentées, possédées, fiévreuses, paralytiques ou perdant du sang, n’ont pas la prétention de poser un diagnostic médical.

Quand nous parlons des guérisons réalisées par Jésus, nous sommes invités à nous arrêter au sens ou à la portée de ces « miracles ».

Ainsi, lorsqu’un évangéliste nous parle d’un malade, d’un possédé, immédiatement devrait surgir en nous l’image d’une personne atteinte dans son équilibre, quelqu’un qui n’est pas bien dans sa peau.

La maladie, dans l’Evangile, est l’expression de la faiblesse et de la fragilité de notre condition humaine, soumise aux aléas de l’inattendu et de l’imprévisible.  La maladie dans l’Evangile, c’est tout ce qui contredit notre désir de bonheur et de sécurité.

Pour l’évangéliste – comme pour nous -, le mal existe, c’est une évidence.  Peu importe la façon de le représenter.  Ce mal nous dépasse, il nous possède à un point tel que, bien souvent, il nous est difficile voire parfois impossible de nous en délivrer.

Aujourd’hui, par exemple, nous dirons d’une victime blessée par les gestes et l’attitude d’un agresseur qu’elle est tourmentée ,possédée par l’esprit de haine puis de vengeance.  Tant qu’elle ne s’en libère pas, (même s’il faut du temps pour y parvenir)  elle restera éprouvée.  Exemple : le sportif amputé des jambes suite à l’acte terroriste à l’aéroport de Bruxelles en 2014 est parvenu à formuler 8 ans après des paroles de pardon aux auteurs lors du procès.  Il est le 1° bénéficiaire de cet acte courageux.  Cet acte a clôturé le processus de sa guérison.

Ainsi, dans le texte lu aujourd’hui, Marc s’exprime comme les gens de son temps, pour nous affirmer une seule chose : en face de Jésus, le mal est mis à découvert et Jésus a autorité sur lui.  Jésus est puissant face au mal.  Le mot « autorité » revient à deux reprises dans le court extrait proclamé aujourd’hui.  Ce n’est pas par hasard.

C’est en effet l’intention de l’Evangéliste : nous montrer le Christ parlant avec l’autorité de Dieu, cette autorité qui l’emporte sur le mal et qui donne l’espérance.

« Tais-toi ! Sors de cet homme ! »  Quelle audace de la part de Jésus !  Quelle audace aussi de la part de l’évangéliste Marc de choisir cette guérison comme premier signe raconté dans son livre.  C’est comme s’il souhaitait que ce geste de Jésus et les paroles qui l’entourent colorent l’ensemble de son livre et le parfument.

Ainsi, lire l’Evangile ce n’est pas consulter un livre racontant des histoires merveilleuses.  Ce n’est pas rencontrer de belles idées mais avant tout une personne.  Ce n’est pas en premier lieu entendre de belles phrases mais un Être vivant dont la parole est toujours d’actualité.  Il rejoint la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui, de toutes nations.

Dans ce court extrait Marc utilise l’adverbe « Aussitôt » à deux reprises.  Il souhaite signifier qu’il y urgence pour Jésus d’annoncer cette Bonne Nouvelle d’un Dieu d’amour.  Jésus bouleverse la vie de ses auditeurs.

Aujourd’hui, c’est à l’Eglise et à nous qu’il incombe de dénoncer les « démons » qui possèdent les hommes et les femmes d’aujourd’hui : les démons de l’arrogance, du mépris, du pouvoir, de la vengeance, du sexe, de l’argent et autres assuétudes.

N’avons-nous pas, nous aussi, à nous laisser exorciser ?

Abbé Fernand Stréber 

 Pt’it rawett’ : BLESSURE COMMUNE

            Jean-Claude a été accueilli dans une famille.

            Il a vécu dans un univers de mensonge et violence.  Ceux à qui il disait papa et maman, n’étaient pas ses parents.  Il l’a découvert plus tard.  Et en plus, il n’avait pas été accueilli pour lui-même, mais pour l’argent que cela rapportait.

            Tant et si bien qu’un jour, il s’enfuit de chez lui et atterrit à Grenoble, où il tombe dans la drogue, la délinquance.  Il revient à Bruxelles et retrouve le même milieu.

            Et, un jour, il est hospitalisé pour overdose.  Il se retrouve sur son lit d’hôpital, incapable de se lever.  Il veillait toujours à ce que ses habits restent près de lui, pour pouvoir se sauver quand cela irait mieux.

            Mais, cette fois-là, il remarque une jeune fille qui entre dans la chambre et prend ses habits.  D’habitude, il fait une crise mais il en est incapable.  Il maudit cette fille et se dit qu’il ira voler des habits dans la chambre à côté.

            Le lendemain, coup de théâtre : la même jeune fille revient avec ses habits lavés et repassés.  Alors, il ne comprend plus rien. Jamais on n’a fait cela pour lui.  Il se dit que cette jeune fille va lui demander quelque chose en échange.

            Mais non, elle s’assied près de lui.  Elle lui raconte sa vie de prostitution forcée et de drogue, elle aussi.

            Et Jean-Claude de raconter :

            « Quand elle me racontait ses blessures, elle guérissait les miennes. »

            En fait, étant passée par là, elle pouvait l’accompagner.

 Extrait de Rendez-vous contes  150 histoires compilées par André VERVIER et Fernand STREBER

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