AU CŒUR DE LA NUIT…
Au cœur de la nuit où seules veillent les étoiles, un événement inouï se glisse dans l’histoire de notre Humanité…
Et pourtant, tout se passe dans la discrétion : une étable semblable à bien d’autres dans la région abrite un enfant inconnu, ses parents n’ont éveillé l’attention de personne, ni dans les auberges bondées ni chez les bergers qui, un peu plus loin, gardent leur troupeau
À première vue, tout semble insignifiant. C‘est une nuit banale et sans surprises qui s’enchaîne aux précédentes …
Personne n’a rien vu venir.
Sauf Dieu qui a tout prévu, de toute éternité…
Car dans le calme de la nuit où la nature et les Hommes se reposent, Dieu vient bouleverser le monde !
Alors, oui, Il va se révéler à la fois dans la fragilité d’un tout-petit et dans les chants d’allégresse des anges qui proclament sa grandeur :
« Vous trouverez un nouveau-né couché dans une mangeoire, c’est le Christ, le Sauveur ! »
« Il y eut une grande lumière et, soudain, une multitude d’anges louèrent Dieu en Lui rendant gloire ».
Tel est notre Dieu : caché dans l’humilité et le silence, resplendissant quand Il annonce aux Hommes toute sa puissance d’Amour et son message de Paix.
Toute la vie de Jésus est traversée par cette alternance de petitesse, quand Il se met au service des Hommes, et de gloire déjà manifestée au Mont Thabor et qui se révèlera en pleine lumière, au jour de sa Résurrection.
Bethléem, petite bourgade sans histoire devient, le temps d’une nuit, une « cité sainte » !
Car elle abrite désormais notre Dieu caché en Jésus qui se fait l’un de nous.
Il s’est d’abord tissé dans le sein de Marie, dans le secret de son âme et de son corps, encore invisible mais tellement présent.
Il habite, dans le silence, le cœur de Joseph.
Il naît, sans bruit, sur la paille d’une étable, dans un dénuement qui ne laisse en rien témoigner de sa Royauté…
Il est ce Dieu qui se laisse découvrir par les hommes simples et de bonne volonté que sont les bergers.
Il est ce Dieu qui attire à Lui ceux qui se mettent en peine pour Le trouver comme le feront les Mages.
Il est aussi ce Dieu que la haine des Hommes oblige à se cacher pour fuir les hordes sauvages d’Hérode.
À ceux qui Le cherchent avec un cœur ouvert, Il se révèle sans se lasser mais Il se cache à ceux qui Le défient, qui Le tentent ou qui L’utilisent selon leur propre volonté …
Bethléem ! Terre du Seigneur !
Là où ses pas Le porteront vers les foules venues de tous les horizons, où ses Mains relèveront les blessés de la vie, où son Cœur sera bouleversé par toutes les détresses et toutes les espérances, où sa Parole ne sera qu’Amour, Pardon, Confiance et Espérance, où la Vie l’emportera sur la mort…
Bethléem, bientôt désertée par Marie et Joseph qui fuiront en Égypte pour cacher l’Enfant-Dieu et Le protéger de la fureur des Hommes… Terre déjà meurtrie par les vives tensions qu’engendre le Pouvoir de Rome, par les violences des sicaires, par les rivalités entre sectes messianiques, par les luttes fratricides…
Oh ! combien il y a de rapprochements à faire entre ce passé et notre présent !
Car la douloureuse actualité renoue avec les amères réalités qui ont meurtri le temps de Jésus…
Dieu aurait-Il abandonné cette Terre bénie qui a vu naître son Fils ?
Ne peut-Il mettre un terme à la folie et aux larmes des Hommes ?
N’est-Il pas, comme le dit le prophète Isaïe, le « Prince de la Paix » ?
Il nous faut croire avec force que le Seigneur a sa manière à Lui d’être présent dans l’absence que nous percevons, il nous faut croire avec force qu’Il n’est jamais du côté du mal, de la violence ou des dissensions.
Si nous ne croyons pas cela de Lui, alors c’est que notre foi n’est qu’une illusion sans lendemain et sans espérance !
Que savons-nous de ce que Dieu tisse patiemment dans le cœur des Hommes même les plus endurcis ? Que savons-nous de sa manière à Lui de délivrer les Hommes du « joug qui pèse sur eux, du bâton des tyrannies et de la haine, des bruits de bottes et des innombrables blessures » ?
Ce sont là les mots même d’Isaïe, lui qui annonce aussi que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande Lumière ».
Ce jour viendra où toute larme sera essuyée, les chemins de la discorde aplanis, les montagnes de l’orgueil abaissées…Où « la Grâce de Dieu sera manifestée pour tous les Hommes », comme le dit Saint Paul.
Ce jour viendra, n’en doutons pas un seul instant !
Mais il Lui appartient de le faire advenir quand et comme Il le veut : nous ne pouvons tenter Dieu d’agir selon nos critères, nos exigences ou nos inquiétudes mais nous pouvons, nous devons Le prier intensément d’affermir notre confiance en Lui, de susciter dans les cœurs la volonté de faire germer ce qui est Beau, Bien et Vrai.
L’Ange de Bethléem ne dit-il pas : « Soyez sans crainte ! ».
Soyons sans crainte, oui, car Dieu veille, en secret…
La naissance du Sauveur a fait de la nuit sombre de Bethléem une nuit de Lumière.
Tout s’illumine : l’environnement, la crèche, le cœur de Marie et de Joseph, celui des bergers.
N’est-ce pas un signe qui nous est donné ? Oui, Dieu vient éclairer la vie des Hommes, cette vie qui, souvent, leur paraît si sombre et dans laquelle ils peinent parfois à discerner sa Présence…
En cette nuit de Noël, présentons-nous à Lui en toute simplicité, confions-Lui notre famille, notre monde, tout ce qui nous habite.
Avec Marie et Joseph, soyons dans l’émerveillement et l’action de grâces.
Car nous avons cette chance magnifique de savoir que cet Enfant est le Fils de Dieu, le Sauveur.
Nous n’aurons pas assez de toute notre vie pour découvrir toujours plus profondément avec quelle intensité la Vie de Dieu rejoint la nôtre !
Ce soir, Jésus ne nous demande peut-être rien d’autre que de rester auprès de Lui, le Tout-Petit où s’abrite en silence la grandeur de Dieu…
Edith de VOGHEL-JACQUES